La porte-parole de l'opposition officielle en matière d'aînés, Lisette Lapointe, n'en peut plus d'entendre parler de cas d'abus envers les personnes âgées. Hier, elle a réclamé l'adoption d'un «plan d'urgence» pour protéger les aînés vulnérables. Au même moment, le gouvernement de Jean Charest a tout fait pour défendre sa gestion des soins aux aînés.



«On ne peut pas faire autrement que d'être inquiet devant la multiplication des cas d'abus envers les aînés», a déclaré Mme Lapointe. Selon elle, le gouvernement Charest «mérite un blâme sévère pour son incurie à l'endroit des aînés vulnérables».

Mme Lapointe a rappelé que 7200 personnes attendent une place en CHSLD au Québec, que le processus de certification des résidences privées, qui devait être terminé en 2009, ne l'est toujours pas et que les nouvelles normes de certification, promises depuis un an par le gouvernement, n'ont toujours pas été annoncées. «Et il est survenu 28 décès pour cause de négligence en 28 mois. C'est un décès par mois!» a lancé Mme Lapointe.

De passage à Montréal, le premier ministre Jean Charest a répondu que Mme Lapointe «est en retard» avec cette demande de plan d'urgence pour les aînés: «On a annoncé un plan de 150 millions de dollars dès cette année et de 200 millions l'an prochain pour aider les aînés. On va intervenir sur les besoins spécifiques de chaque région. On investit beaucoup. Et aux dernières nouvelles, on est les premiers à avoir adopté un processus de certification des résidences privées.»

«Le plan du gouvernement va créer 700 nouvelles places en CHSLD, mais il a justement éliminé 2200 places dans les dernières années! Le plan du gouvernement n'arrêtera pas la négligence envers les aînés», martèle Mme Lapointe. Parmi les mesures proposées dans son plan d'urgence, Mme Lapointe souhaite que la loi du coroner soit modifiée afin que toute mort survenue dans un CHSLD, une ressource intermédiaire ou une résidence privée pour aînés soit obligatoirement déclarée au coroner, qui pourra alors investiguer s'il le désire. Elle espère également qu'un véritable système d'inspection des milieux d'hébergement soit mis sur pied.

20 millions en 5 ans

«Les déclarations de Mme Lapointe sont indignes. Elle inquiète les personnes âgées vulnérables», a déclaré la ministre déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, lors d'un point de presse tenu en après-midi.

Également présente au point de presse, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a dit que son Plan d'action pour contrer la maltraitance envers les aînés, doté d'une enveloppe de 20 millions en 5 ans, est en marche. Elle a rappelé que la ligne Info-Abus remporte déjà un franc succès et que des coordonnateurs à la maltraitance seront nommés sous peu dans toutes les régions du Québec. «La loi sur la déclaration des décès sera aussi modifiée et les morts par négligence devront être déclarées, a affirmé Mme Blais. La négligence envers les aînés, c'est inacceptable et on met tout en oeuvre pour la contrer.»