S'attaquer à Lester B. Pearson et à Jean Lesage, chanter les louanges des sables bitumineux et faire la leçon à Barack Obama, tout ça, dans un même discours.

Voilà le tour de force qu'a réussi l'égérie de la droite albertaine, Danielle Smith, qui était de passage à Montréal afin de participer au deuxième rassemblement de l'histoire du Réseau Liberté Québec (RLQ).

La leader du Parti Wildrose Alliance, une formation politique libertarienne, n'a pas donné dans la dentelle, samedi, devant les quelque 400 personnes qui s'étaient réunies au Hilton Bonaventure. Mais les adhérents du RLQ, conquis d'avance, ont religieusement écouté son propos et lui ont réservé une ovation debout à la fin de son allocution.

L'opération charme a été momentanément rompue par un homme qui a demandé à Danielle Smith de s'exprimer en français. Mal lui en prit: les participants l'ont copieusement hué et il a quitté la salle. L'ancien journaliste sportif Guy Bolduc, qui animait l'événement, a tourné l'incident en dérision en écrivant que l'homme «a vraisemblablement confondu le Palais des congrès (où se déroulait le congrès du Parti québécois) et le Hilton Bonaventure».

Pendant plus d'une heure, la politicienne s'est prononcée sur un éventail de sujets, de la fédération canadienne à l'économie en passant par - évidemment - les sables bitumineux albertains.

Mme Smith s'en est prise à l'héritage politique des Lester B. Pearson, Jean Lesage et Pierre Elliott Trudeau, ces «politiciens de gauche qui ont pris le contrôle du gouvernement fédéral» sous le regard d'une intelligentsia «silencieuse et conformiste» et grâce au soutien des médias «complaisants», a fait valoir celle dont l'époux travaille pour la chaîne Sun Media News, qui sera lancée dans quelques jours.

«Je suis désolée, il n'y a pas de façon gentille de le dire, mais c'est depuis qu'Ottawa se demande comment satisfaire le Québec que le gouvernement fédéral est devenu aussi centralisateur. Ottawa n'a pas le choix de donner aux autres provinces ce qu'il donne au Québec», a-t-elle fait valoir, reprenant ainsi une théorie mise de l'avant par l'auteur et éditorialiste Brian Lee Crowley.

Depuis, les provinces ne sont plus l'ombre d'elles-mêmes, a soutenu Mme Smith. «On paie les gens à ne rien faire, on paie les régions pour qu'elles ne performent pas. Mais où sont passées les valeurs canadiennes?»

Elle ne voit évidemment pas d'un bon oeil la présence du Bloc québécois sur la scène politique fédérale, dont la mission principale est de défendre les intérêts du Québec. Sans trop se mouiller, Danielle Smith a d'ailleurs laissé entendre que le Québec ne pouvait s'offrir tous les programmes sociaux dont il dispose actuellement.

Danielle Smith s'est ensuite portée à la défense de l'industrie des sables bitumineux, une activité économique qui a amené les politiciens, «surtout ceux de l'Est du Canada», à considérer l'Alberta comme un «punching bag». Elle a martelé que l'exploitation de ces hydrocarbures «bonne pour le Canada, bonne pour le monde» et qu'elle en était très fière. Un vrai «coup de circuit gagnant pour le Canada», a-t-elle lancé.

«Les sables bitumineux sont bons pour les droits humains, a-t-elle poursuivi. (...) Et Barack Obama, qui qualifie notre pétrole de «pétrole sale», a le choix entre du pétrole sale et du pétrole souillé de sang», a-t-elle lancé, en faisant référence aux réserves pétrolières des pays «politiquement instables», voire «terrifiantes», comme la Libye, l'Iran ou encore le Venezuela. La salle l'a alors applaudie à tout rompre.

Quatre députés de la Wildrose Alliance siègent actuellement à l'Assemblée législative de l'Alberta, une province dirigée par les conservateurs depuis quatre décennies. Plusieurs sondages indiquent que la formation politique de Danielle Smith a le vent dans les voiles et qu'elle pourrait causer des surprises lors des prochaines élections provinciales, qui pourraient avoir lieu en 2012.