Conscient du rôle historique que lui a confié le Québec le soir des élections, le chef du NPD, Jack Layton, demande à ses 59 députés de la province de maintenir des relations fructueuses avec l'ensemble des ministres du gouvernement Harper pour s'assurer que les dossiers québécois ne traînent pas en longueur.

Fidèle à son slogan de campagne («Travaillons ensemble»), le nouveau chef de l'opposition officielle a aussi rappelé à ses troupes l'importance d'entretenir des liens étroits avec les maires, les leaders et les organisations de leur circonscription afin que leurs besoins et leurs préoccupations se fassent entendre à Ottawa.

M. Layton s'est pour sa part entretenu avec le premier ministre Jean Charest, hier, afin de discuter de deux dossiers prioritaires: l'aide aux victimes des inondations en Montérégie et la compensation de 2,2 milliards de dollars que doit verser Ottawa au Québec pour avoir harmonisé la TPS et la TVQ dans les années 90.

Durant la campagne électorale, le Parti conservateur a promis de régler ce vieux contentieux avant le 15 septembre. La somme de 2,2 milliards sera inscrite dans le budget que doit présenter le ministre des Finances, Jim Flaherty, au début du mois de juin.

Prêt à se battre pour le Québec

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Layton s'est dit pleinement conscient du fardeau qui lui incombe depuis que le NPD a fait une percée historique au Québec et réduit le Bloc québécois à seulement quatre sièges, un nombre insuffisant pour être reconnu comme parti à la Chambre des communes.

«M. Charest et moi avons eu quelques conversations depuis les élections, a-t-il dit. Nous avons discuté des enjeux immédiats aujourd'hui (hier). Il y a une semaine, M. Charest a eu une réunion avec Thomas Mulcair. Alors, nous avons établi des liens de communications très solides. Nous allons mener les batailles qui s'imposent pour faire aboutir les dossiers du Québec.»

Au dernier scrutin, le NPD a remporté 59 des 75 sièges que compte le Québec à la Chambre des communes, faisant ainsi mordre la poussière à de nombreux candidats bloquistes ainsi qu'à quelques libéraux et conservateurs. Le Parti libéral n'a remporté que sept sièges, le Parti conservateur, cinq et le Bloc québécois, quatre.

Le Québec ne compte plus que 4 des 38 ministres du cabinet de Stephen Harper: le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, celui des Transports, Denis Lebel, le ministre d'État aux petites et moyennes entreprises, Maxime Bernier, et le ministre des Anciens Combattants, Steven Blaney. Encore une fois, la région de Montréal, qui n'a élu aucun conservateur, n'a donc aucune représentation au cabinet.

«Nous avons beaucoup de travail à faire. Mais nous allons nous assurer que nos députés soient bien préparés pour faire valoir les préoccupations et les enjeux de leur circonscription. Nous allons établir des relations avec les ministres de sorte que, s'il y a un problème, nous ayons les contacts pour le régler. J'ai toujours dit à mes députés, depuis que je suis chef du parti, que c'est important de respecter tous les ministres, même si on critique leurs positions, pour qu'on puisse travailler avec eux à régler des dossiers.»

Selon le chef du NPD, il est évident que les députés néo-démocrates devront faire le pont entre le Québec et le gouvernement conservateur.

D'ailleurs, M. Layton souhaite rencontrer le premier ministre Stephen Harper à ce sujet. «Je lui ai dit le soir des élections que nous avons la grande majorité des députés au Québec alors qu'il en a seulement cinq, et qu'il faut travailler ensemble pour s'assurer que les besoins des Québécois soient bien compris, bien respectés, et qu'il y aura de l'action. C'est absolument essentiel pour l'avenir du Canada et du Québec.»

«Je préfère les propositions à l'opposition, mais nous allons faire les deux», a ajouté M. Layton.

Les priorités du NPD pour la prochaine session parlementaire seront les mêmes que celles qu'il a défendues pendant la campagne électorale: sécurité financière accrue pour les personnes âgées, création d'emplois et accès à de meilleurs soins médicaux.

«Nous voulons que le gouvernement fasse plus d'efforts pour la création d'emplois. Et nous ne parlons pas d'emplois au Sénat pour les pauvres candidats conservateurs qui ont perdu les élections. Nous voulons avoir de vrais emplois de qualité pour ceux qui sont encore au chômage. Nous voulons aussi des mesures qui vont permettre de réduire le coût de la vie des gens ordinaires», a dit M. Layton.

Cabinet fantôme

Le chef du NPD, qui formera l'opposition officielle la plus importante depuis 30 ans avec 103 députés, réunira ses troupes la semaine prochaine pendant deux jours à Ottawa. Il annoncera ensuite la composition de son cabinet fantôme avant la reprise des travaux parlementaires, le 2 juin.

Au sujet de ses nouveaux députés, M. Layton est convaincu qu'ils sauront confondre les sceptiques. Il a souligné que le NPD a fait élire des députés de tous les âges et de tous les horizons professionnels, ce qui donnera lieu à des débats «rafraîchissants» aux Communes.