Le «tremblement de terre» provoqué par la démission de trois poids lourds du PQ «pourrait se transformer en tsunami», estime l'ancien chef péquiste Bernard Landry.



Selon lui, le PQ s'est éloigné de sa «raison d'être» - la souveraineté -, ce qui a provoqué la crise actuelle, laquelle prendra de l'ampleur si le parti ne redresse pas la barre. «Ce parti auquel j'ai consacré l'essentiel de ma vie citoyenne n'a pas été fondé pour gouverner la province de Québec. Il y a des centaines de milliers de militants qui ont fait des sacrifices invraisemblables pour qu'on avance vers l'indépendance. Et il est clair que là, le parcours ne paraissait pas droit, c'est le moins que l'on puisse dire», a-t-il affirmé.

Comme Jacques Parizeau, M. Landry affirme que, sous la direction de Pauline Marois, il y a un «flou artistique» autour de la démarche vers la souveraineté. Le PQ doit «retrouver le contact profond avec sa raison d'être» et «reprendre la marche vers l'indépendance nationale».

Pauline Marois a-t-elle entretenu le flou trop longtemps? «Oui, mais ce parti n'est pas qu'un chef, estime M. Landry. Il y a des militants, des instances. Et pour diverses raisons, ces mécanismes n'ont pas réussi à dissiper le flou. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.»

Bernard Landry s'est dit «ému et ébranlé» par ces trois départs fracassants. Mais s'ils mènent le PQ à se «recentrer sur son objectif», «ils auront rendu service et ils réintégreront le parti».

De son côté, Jacques Parizeau a accompagné sa femme, Lisette Lapointe, lundi, à l'Assemblée nationale. Questionné sur la valeur symbolique de sa présence, l'ancien chef du PQ a répondu: «Oui, je la comprends très bien.» Il n'a pas voulu faire d'autres commentaires. André Boisclair a aussi refusé de commenter la nouvelle.

«Volonté populaire»

Louise Beaudoin a dénoncé lundi le populisme qui menace selon elle le PQ et les autres partis politiques. Pendant ce temps, la péquiste Agnès Maltais, qui parraine le projet de loi 204, a affirmé qu'elle défendait la «volonté populaire». «Sans renier mes principes, j'ai porté la volonté populaire. Samedi, il fallait être là aux funérailles d'Alys Robi et voir la volonté populaire des gens. J'ai été époustouflée de voir à quel point les gens de Québec savent ce qu'ils font. Ils veulent cette entente. Ils veulent le gestionnaire qui est là. Ils font confiance à leur ville.»

Mme Maltais n'a pas parlé des causes plus profondes du départ de ses collègues. Elle a laissé entendre que, s'ils s'opposent au projet de loi 204, c'est parce qu'ils ne l'ont tout simplement pas compris. «Un des motifs de la démission de mes collègues, c'est qu'ils ne veulent pas appuyer une loi qui empêche de poursuivre. Or, à pleines pages dans les journaux [lundi] matin, M. de Belleval dit qu'il va continuer de poursuivre. Pourquoi? Parce que dans la loi, il n'est pas question de ça. Il y a confusion.»

L'adéquiste Janvier Grondin n'a pas semblé impressionné par la nouvelle, lundi. «Ça s'est déjà passé chez nous, a-t-il expliqué. Maintenant, ça se passe au PQ. Ils vont s'en sortir, j'imagine. On s'en est sortis nous aussi, même si tout le monde pensait qu'on était morts.» Sa collègue Sylvie Roy a été plus sévère. «Ça démontre un problème de leadership de Mme Marois. C'est très sérieux, a-t-elle jugé. Peut-être qu'on voit seulement la pointe de l'iceberg.»

«Je pense que ça démontre quelque chose de plus (que le projet de loi 204), a renchéri le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard. Il y a un autre malaise.»