Nathalie Morin et ses enfants, retenus en Arabie Saoudite depuis cinq ans, doivent rentrer au pays. C'est ce que demandera aujourd'hui l'Assemblée nationale dans une motion qui exhortera Ottawa à intervenir auprès des autorités saoudiennes.



«C'est une affaire qui, à mes yeux, est extrêmement, extrêmement préoccupante», a affirmé Jean Charest. Le premier ministre avait déjà rencontré la mère de Nathalie Morin il y a deux ans. Il s'est engagé à déposer une motion, hier, à la suite d'une question d'Amir Khadir.

Mme Morin est mariée à un Saoudien, qui la maltraite et l'empêche de quitter le pays avec ses enfants. La Presse a révélé hier qu'elle est maintenant accusée de l'enlèvement de ses propres enfants.

Elle comparaîtra dimanche devant un système de justice «totalement arbitraire qui traite les femmes avec cruauté», a dénoncé le député de Québec solidaire, Amir Khadir. «Nathalie Morin a été battue. Nathalie Morin a été violée. Nathalie Morin est séquestrée et ses enfants aussi. Ses enfants manquent de nourriture et ne peuvent pas sortir, ils sont privés de liberté. Il s'agit de droits fondamentaux. Ce n'est pas un conflit familial, on ne peut pas le traiter comme ça.»

Avant l'intervention de M. Charest, sa ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, avait indiqué qu'il s'agissait d'une question de compétence fédérale et que l'affaire était «entre les mains des services consulaires canadiens». Le Québec «ne peut pas intervenir directement», a-t-elle affirmé, tout en précisant qu'elle était entrée en contact avec le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, après la publication de notre article.

Le gouvernement Harper est déjà intervenu dans le dossier. Lawrence Cannon, prédécesseur de M. Baird, en avait parlé aux autorités lors d'une visite en Arabie Saoudite. Il en avait également discuté à Ottawa avec le vice-ministre de l'Intérieur de l'Arabie Saoudite, à la suite de quoi Mme Morin avait pu recevoir l'aide d'un comité saoudien des droits de la personne.

Mme Morin, 27 ans, habite à Dammam, à cinq heures de route de la capitale, Riyad. Le week-end dernier, son mari l'a enfermée avec ses enfants dans leur appartement et est parti pour quelques jours. Comme elle n'avait pas de quoi nourrir les enfants, à la demande de la mère de Mme Morin, une féministe locale lui a apporté de l'argent pour aller faire des courses. Lorsqu'elles sont sorties de la maison, une voiture de police dans laquelle se trouvait son mari les attendait devant la porte. De là vient l'accusation d'enlèvement. Elle croit avoir été piégée.

Renvoyé du pays

Nathalie Morin avait rencontré Saïd al-Shahrani au Québec alors qu'elle n'avait que 17 ans. Après la naissance de leur premier enfant, al-Shahrani a été renvoyé du pays pour une histoire d'agression. Après avoir hésité, elle est finalement allée le rejoindre en Arabie Saoudite, où ils se sont mariés. C'est alors que ses malheurs ont commencé.

En 2009, son mari avait accepté de la laisser partir avec ses enfants en échange de 300 000$. Sa condition a changé: il veut maintenant les accompagner au Canada. Sa demande de résidence permanente en est aux vérifications de sécurité.

Amir Khadir croit que, si c'est la seule façon de permettre à Mme Morin de rentrer au pays avec ses enfants, le Canada devrait accueillir al-Shahrani malgré son passé violent.