Le Parti québécois déposera, l'automne prochain, un projet de loi pour interdire la fracturation hydraulique, un procédé controversé utilisé pour extraire les gaz de schiste.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne cette semaine, le député de L'Assomption, Scott McKay, a fait savoir qu'il est en train de travailler à l'élaboration du projet de loi. Incapable d'obtenir le moratoire qu'elle demande sur les gaz de schiste, l'opposition péquiste change donc de stratégie, même si les chances de réussite sont minces.

«Je pense qu'on a suffisamment de problèmes avec les puits qui ont été forés jusqu'à maintenant sans qu'on ait à en forer d'autres, a déclaré M. McKay, qui est porte-parole de l'opposition en matière de Mines. Il faut interdire ce procédé jusqu'à ce que les gazières puissent démontrer son innocuité.»

Il a cité l'exemple du puits de La Présentation, près de Saint-Hyacinthe. Des fuites de méthane sont détectées depuis plus de six mois et l'entreprise propriétaire, Canbriam, vient d'obtenir du gouvernement l'autorisation de le colmater.

M. McKay ne veut pas fermer la porte à l'exploitation des gaz de schiste mais seulement à certaines conditions, conformément à la position de sa formation politique.

«(La fracturation hydraulique) est une nouvelle technologie qui va s'améliorer avec le temps, mais ce n'est pas aux Québécois d'être les cobayes, a déclaré cet ancien chef du Parti vert. Si les États-Unis ont voulu l'être, ils se sont préparés des lendemains douloureux. Ils commencent à s'apercevoir qu'il y a toutes sortes de problèmes.»

Le caucus des députés du parti n'a pas encore été consulté sur le dépôt du projet de loi, a précisé M. McKay, mais il a le sentiment que ses collègues vont cautionner la démarche.

«On doit en parler (au caucus). Je vous en ai parlé de façon un peu prématurée. Mais je vais préparer le projet de loi et le présenter au caucus. Les événements récents (au parti) ont bousculé l'ordre du jour.»

M. McKay fait référence à la crise qui a secoué son parti à la fin de la session parlementaire et qui a mené au départ de cinq députés. Certains d'entre eux reprochaient justement à la direction du parti de n'avoir pu discuter en caucus du projet de loi 204, sur l'amphithéâtre de Québec.

M. McKay avait déjà déposé le projet de loi 396, qui décrétait un moratoire sur l'exploration et l'exploitation dans le domaine des gaz de schiste. Mais il est resté lettre morte, car le gouvernement, qui a le privilège d'«appeler» le projet de loi pour étude en commission parlementaire, ne l'a pas fait.

Le futur projet de loi sur l'interdiction de la fracturation hydraulique risque fort d'être condamné au même sort.

La fracturation hydraulique est un procédé qui fissure le roc du sous-sol par injection d'un fluide sous haute pression, pour avoir accès aux gaz.

Le gouvernement a commandé une évaluation environnementale stratégique pour mieux documenter l'incidence de l'activité gazière.

La fracturation hydraulique peut être autorisée exceptionnellement pendant la durée de l'évaluation environnementale, mais uniquement pour les travaux requis par l'évaluation environnementale, par exemple pour des fins d'acquisition de connaissances scientifiques, c'est-à-dire dans un environnement contrôlé et supervisé.

En mars dernier au Québec, il y avait 31 puits et 18 avaient déjà été fracturés. L'industrie du gaz de schiste avait dépensé 200 millions $ au Québec pour divers travaux. L'industrie envisage 150 à 600 puits par année à compter de 2015.