L'appui de l'aile jeunesse du Parti québécois à Pauline Marois vacille. Questionnée au sujet du leadership de la chef, la présidente du Comité national des jeunes, Christine Normandin, a eu, d'emblée, une réponse lourde de sens: «Je ne demande pas la démission de Mme Marois présentement.»

Puis, elle a utilisé une autre formule, un peu moins forte, mais qui n'est pas de nature à rassurer la chef pour autant. «J'appuie Mme Marois présentement», a-t-elle dit, martelant chaque fois le mot «présentement».

Elle explique qu'une majorité des membres de l'exécutif du Comité national des jeunes apporte «un appui inconditionnel» à Pauline Marois. Mais elle ne fait pas partie de ce groupe. «Je fais partie de ceux qui souhaitent que des modifications soient apportées au parti», a-t-elle indiqué. «Il y en a qui se posent des questions. On attend de voir quelles actions seront menées par le parti» pour rétablir la confiance à la suite des démissions fracassantes de cinq députés.

Selon Mme Normandin, «personne n'est contre Mme Marois», mais «certains prennent un peu de recul pour voir aller les choses. À la limite, c'est un peu du doute» qu'ils éprouvent sur le leadership de la chef du PQ. Elle ne sent pas pour le moment «une volonté que Mme Marois parte». «Il y a un consensus, pour l'instant, pour le maintien de l'appui qu'on a donné à Mme Marois au congrès. Mais on sait en même temps qu'il y aura du travail à faire» pour que les jeunes restent derrière elle.

Bref, l'appui du Comité national des jeunes n'est plus aussi solide qu'au moment du congrès d'avril, où Pauline Marois a obtenu un vote de confiance de 93%.

Christine Normandin a participé hier à une réunion du conseil exécutif national du parti dont elle est membre d'office à titre de présidente de l'aile jeunesse. Elle devait y présenter des «pistes de réflexion sur la culture du parti». Elle n'a pas voulu en dire davantage. «Ce ne sont pas des propositions qui devront être adoptées par Mme Marois pour qu'on maintienne notre appui», a-t-elle tenu à préciser.

Lors de la précédente réunion du conseil exécutif en juin, alors que le PQ était en pleine crise, Mme Normandin a eu une altercation avec le directeur général du parti, Sylvain Tanguay. Des rumeurs de putsch contre Mme Normandin ont circulé cet été. La direction du PQ nie être derrière toute tentative en ce sens.

Le 9 juin, après la démission de Lisette Lapointe, de Louise Beaudoin, de Pierre Curzi et de Jean-Martin Aussant, Christine Normandin a publié sur le blogue du Comité national des jeunes une lettre. Encore là, l'appui à Mme Marois n'était pas très solide. «La question qui tue: Est-ce que je demande la démission de madame Marois? Non, mais je ne vous cacherai pas que j'ai espéré que le fracassant vote de confiance à 93% serve à consolider davantage une réciprocité de cette confiance. L'absence de latitude a d'ailleurs été une des doléances exprimées à l'encontre du cercle décisionnel du parti lors des derniers jours. Cependant, je ne crois pas avoir la légitimité de faire une telle demande».

Au moins un représentant du Comité national des jeunes se rendra à l'assemblée du Nouveau Mouvement pour le Québec demain, mais pas Christine Normandin. «Il y a certaines propositions avec lesquelles je suis d'accord, comme l'idée de lancer des consultations citoyennes. Ce que je trouve le plus dommage, c'est que c'est doublé d'une attaque frontale contre le Parti québécois et ses militants», a-t-elle dit.

Photo: fournie par le PQ

Christine Normandin, présidente des jeunes péquistes.