Le Parti québécois rejette l'idée de conclure des «ententes stratégiques» avec les autres formations souverainistes, nommément Québec solidaire et le Parti indépendantiste, en vue des prochaines élections générales.

Dimanche, l'instigateur du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ), Jocelyn Desjardins, a conclu la première assemblée du groupe en lançant un «appel à l'unité» aux trois partis souverainistes. Ils doivent selon lui «s'unir», «s'élever au-dessus de leurs divergences» et conclure des «ententes stratégiques» à temps pour le prochain scrutin.

Le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, estime que la sortie du NMQ est paradoxale. «Ils n'hésitent pas à prendre des termes très, très durs à l'endroit du Parti québécois, et en même temps ils font un appel à l'unité. Je trouve ça contradictoire», a-t-il dit à La Presse, hier.

Le manifeste du NMQ, publié la semaine dernière, accuse le PQ d'être «usé» et «confus dans ses interventions». Au cours de l'assemblée de dimanche, quelques-uns des 400 participants ont renchéri: «Il faut inhumer la dépouille en putréfaction, collecter les assurances et relancer ça sous un autre nom», a lancé l'un d'eux.

Selon Sylvain Gaudreault, «les souverainistes ont tout avantage à travailler ensemble», mais au sein du Parti québécois, selon lui le seul parti souverainiste en mesure d'obtenir une majorité de sièges à l'Assemblée nationale. «Il faut qu'on rallie tout le monde derrière le Parti québécois» pour défaire «un gouvernement qui est dangereux pour le Québec, qui est en train de vendre au plus offrant nos richesses naturelles», a-t-il plaidé.

L'idée de tenir des états généraux sur l'indépendance, qui fait son chemin au NMQ, ne plaît pas davantage à Sylvain Gaudreault. «Il y a déjà le Conseil de la souveraineté, présidé par Gérald Larose. Je pense que c'est une belle instance pour échanger sur les idées et les manières de faire.»

Il rappelle que le nouveau programme du PQ, qui prône la «gouvernance souverainiste» (concept que rejette le NMQ), a été adopté tout récemment, au congrès d'avril. «Ils étaient où, les gens du NMQ? On dirait qu'ils ne tiennent pas compte du fait que 1600 personnes ont réfléchi et adopté ces stratégies. S'ils veulent modifier ça, c'est à l'intérieur du parti que ça va se faire.»

Certes, a-t-il noté, l'assemblée du NMQ a réuni des gens de toutes les générations, et «pas juste, comme on dit caricaturalement, des barbus avec une ceinture fléchée». «Mais il y avait aussi des radicaux et des extrémistes, des gens du Réseau de résistance du Québécois, d'anciens felquistes. Je ne pense pas que c'est comme ça qu'il faut concevoir la souveraineté.»

De son côté, la présidente de Québec solidaire, Françoise David, accueille «avec ouverture» l'appel à l'unité qu'a lancé l'instigateur du NMQ. «Il est clair que la direction de notre parti doit réfléchir, se positionner, peut-être consulter ses membres» quant à l'idée de lancer un dialogue avec d'autres partis. Elle rappelle toutefois que le PQ a toujours refusé de discuter stratégie avec Québec solidaire.

La tenue d'états généraux serait selon elle un «exercice intéressant». «Mais il ne faudra pas se parler qu'entre souverainistes», a-t-elle prévenu.