Des députés péquistes expriment de sérieuses réserves quant à l'idée lancée par leur chef Pauline Marois de tenir des états généraux sur la souveraineté.

Ils craignent que cette rencontre entre souverainistes monopolise l'attention alors que les Québécois ont des préoccupations plus urgentes.

«Inévitablement, le focus pourrait être mis uniquement là-dessus, alors qu'il y a bien d'autres enjeux », a affirmé le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, ce matin, avant la réunion du caucus péquiste à Saguenay. « Les gens s'attendent de nous qu'on apporte des propositions concrètes sur les enjeux qui les touchent », comme le manque de places en garderie, a-t-il ajouté.

Le leader parlementaire, Stéphane Bédard, était visiblement peu enthousiaste devant la tenue d'états généraux.  Des gens souhaitent parler entre eux. Moi, je souhaite parler aux Québécois», a-t-il dit, ajoutant paradoxalement que Mme Marois pense comme lui. «Mon but est de parler aux Québécois, de convaincre des gens qui pensent qu'ils ne sont pas sûrs que faire du Québec un pays est une bonne idée. Ce sont eux que je veux convaincre, pas des souverainistes.»

Mais pour Denis Trottier, de Roberval, les états généraux pourraient permettre de rallier l'ensemble du mouvement souverainiste. «Présentement, on a un problème. Bientôt, il va y avoir 23 partis indépendantistes, on va avoir 70% du vote et aucun député. Un moment donné, il faut trouver un moyen de se réunir, et s'apercevoir que si on n'est pas unis, tout le monde va être perdant », a-t-il lancé.

Pauline Marois s'est dite «consciente qu'il y a des gens qui ne partagent pas les mêmes points de vue». «Mais ça a toujours été le cas au caucus du Parti québécois, on n'a jamais partagé toujours les mêmes points de vue. Cependant, je crois qu'il faut se ressaisir et retrouver la cohésion, la cohérence. Qu'on fasse ces débats, c'est tout à fait sain et normal. Et moi je ne veux surtout pas les empêcher. Mais quand on a terminé les débats, il faut être capable de se rallier, d'établir un plan de match, de le suivre et de le respecter.»

Rappelons que Pauline Marois a demandé samedi à Gérald Larose, président du conseil de la souveraineté (CSQ), d'organiser des états généraux sur la souveraineté. Le conseil d'administration du CSQ doit en définir les paramètres le 9 septembre.

Mme Marois s'est donnée comme priorité de ramener l'ordre au sein du caucus. «Il faut retrouver la cohésion et la cohérence que nous avions en juin denier. C'est ce à quoi je vais inviter les membres de mon caucus ce matin», a-t-elle dit. En juin, cinq députés ont claqué la porte: Lisette Lapointe, Louise Beaudoin, Pierre Curzi, Jean-Martin Aussant et Benoit Charette. La chef proposera entre autres aux députés d'assouplir la ligne de parti et de permettre davantage de votes libres à l'Assemblée nationale.

Selon Mme Marois, «l'important au-delà de discussions sur la rénovation de la démocratie, il faut revenir aux questions de base. La population du Québec a des attentes. Les parents n'ont pas de places en services de garde, les personnes âgées se ramassent à l'urgence, n'ont pas de place en centres d'hébergement et pas de soins à domicile. C'est une catastrophe la circulation à Montréal. Il y en a des vrais problèmes, et notre responsabilité comme parti est d'offrir des réponses à ces problèmes-là.»

Les députés n'ont pas voulu commenter la démission du président du PQ dans Montréal-Centre, Atim Leon. La plupart ont rappelé qu'il a quitté d'abord pour des motifs personnels. Dans sa lettre, M. Leon dit toutefois que le PQ «est en train de foncer dans un mur électoral historique». «Je n'ai pas l'impression que le parti s'en va dans le mur, a réagi le président du PQ, Raymond Archambault. Il y a des gens qui partagent cet avis, mais je pense que, majoritairement, les gens ne partagent pas cet avis-là.» Atim Leon affirme également dans sa lettre qu'il «faudrait être sourd pour ne pas entendre, tout autour de nous, la rumeur lancinante - depuis plusieurs années - qui voue Mme Marois à la défaite électorale. En bref, on dit : elle ne passe pas». «Il n'est pas le seul» à penser ainsi, selon M. Archambault. Il a ajouté que «M. Charest aussi ne passe pas». Puis il a esquivé les questions. «Je ne veux pas m'étendre là-dessus», s'est-il contenté de dire.