Le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, a été forcé de donner le feu vert à des discussions formelles entre son parti et la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) de François Legault, dans le but d'en arriver à une fusion cet automne.

Lors d'une réunion au bureau de l'ADQ à Montréal, il y a deux semaines, tous les membres du bureau du parti ont décidé d'insister auprès de leur chef. Ils ont donc appuyé une résolution qui lui demande de faire des gestes concrets pour entamer des discussions avec le groupe de M. Legault, a appris La Presse.

M. Deltell n'était pas totalement réfractaire à la fusion, mais il souhaitait attendre encore un peu. «Il voulait que cela débute en janvier 2012», a confié une source informée de ces discussions.

En fait, il souhaitait attendre que François Legault ait formellement transformé son mouvement en parti politique. Le chef adéquiste était, dit-on, passablement contrarié de se voir ainsi forcer la main. Surtout, il n'appréciait pas l'intervention du bureau dans ces questions de stratégie politique, a-t-on appris. Il n'a pas rappelé La Presse.

Mais la décision du bureau de direction, où plusieurs personnes souhaitent la fusion, était sans appel en dépit des réticences de Gérard Deltell. Parmi les dirigeants de l'ADQ favorables à la fusion, Me Jean Allaire, le fondateur du parti, et Mario Charpentier, ancien président de l'ADQ, poussent aussi pour que l'ADQ accroche son wagon à la locomotive de François Legault, tout comme l'actuel président, Christian Lévesque, ancien député de Lévis.

En mai, quand La Presse a levé le voile sur les premières tractations - officieuses - entre des membres des deux groupes, M. Deltell s'est braqué et a soutenu qu'il comptait bien être encore chef de l'ADQ aux prochaines élections générales. Déjà, les deux formations ont coordonné leurs sorties publiques pour ne pas se faire mutuellement ombrage.

La semaine dernière, quelques jours après cette réunion du bureau de direction, les députés de l'ADQ, réunis à Montréal, ont pris le relais et ont approuvé à leur tour la tenue de véritables négociations. M. Legault compte des appuis depuis longtemps chez ces adéquistes, et François Bonnardel, député de Shefford, est l'un des partisans de l'ancien ministre péquiste. Chez les élus, Gérard Deltell était le seul à éprouver des réticences à l'égard de ce rapprochement.

Une lourde dette

Pour éviter que la cacophonie s'installe dans ces échanges, M. Deltell a tenu à désigner son chef de cabinet, Éric Vachon, seul interlocuteur auprès du bras droit de François Legault, Martin Koskinen. Le premier contact a eu lieu la semaine dernière mais, du côté de la coalition, on prévoit attendre la fin de la tournée des régions, prévue ce mois-ci, avant d'engager sérieusement les «négociations» avec l'ADQ.

Dans les coulisses, des adéquistes expliquent aussi que quelques membres influents favorables au rapprochement ont rappelé à M. Deltell qu'ils avaient cautionné financièrement l'ADQ. En effet, le président Lévesque, Jean Allaire et Mario Charpentier ont consenti des cautionnements personnels de plus de 200 000 $ au parti, qui traîne une lourde dette de 710 000 $.

Aux membres «pressés» du bureau de direction, Deltell a précisé qu'il n'était pas question de «brader» l'ADQ. Il compte rédiger un document sur les convictions fondamentales des adéquistes, une sorte de plancher auquel François Legault devra adhérer s'il veut mettre la main sur l'organisation du tiers parti.

Mais des poches de résistance demeurent. Des militants trouvent que Legault ne va pas assez loin, qu'il reste trop à gauche du spectre politique.