À moins de trois semaines de la rentrée parlementaire, la démission de Nathalie Normandeau permet au premier ministre Charest de réorganiser son cabinet.

En pleine crise des infrastructures routières et de la congestion, Sam Hamad perd le ministère des Transports. M. Charest assure qu'il ne s'agit pas d'une rétrogradation. Il refuse de le critiquer pour son travail aux transports. «Sam a fait un travail impeccable, il n'y a absolument rien à lui rapprocher là-dessus», a-t-il insisté.

M. Hamad devient ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation. Il lorgnait ce poste depuis longtemps, a assuré M. Charest. Le député de Louis-Hébert (Québec) remplace ainsi Clément Gignac.

M. Gignac obtient une promotion. Il remplace Nathalie Normandeau à titre de ministre des Ressources naturelles et de la Faune. Il est aussi responsable du Plan Nord, le projet phare du gouvernement Charest.

Pierre Moreau, ancien ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie, devient ministre des Transports. M. Moreau est le député de Châteauguay, une circonscription directement touchée par les travaux sur les ponts Mercier et Champlain. Il est perçu comme étant un loyal allié de M. Charest.

«Il aura beaucoup à faire, on le sait, a indiqué M. Charest. On est en période de rattrapage, c'est une responsabilité qui va le garder très occupé.»

M. Moreau est remplacé par Yvon Vallières, ancien président de l'Assemblée nationale et doyen de la députation libérale.

C'est Line Beauchamp qui remplacera Mme Normandeau dans son autre rôle, celui de vice-premier ministre. Le premier ministre Charest garde ainsi une femme comme numéro 2 du gouvernement. Mme Beauchamp demeure ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport.

Enfin, Yves Bolduc, le ministre de la Santé, remplace Mme Normandeau à titre de responsable du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine. M. Bolduc est pourtant député de Jean-Talon, dans la région de Québec.

Nathalie Normandeau a démissionné hier. Sans surprise, le premier ministre Charest n'a donc pas perdu de temps pour nommer les successeurs de ce poids lourd du gouvernement, d'autant de plus que la session parlementaire commence bientôt, le 20 septembre.

Avec le départ de Mme Normandeau et le retour de M. Vallières, le conseil des ministres garde la même taille. «On n'allait pas grossir le conseil des ministres, les circonstances ne l'exigeaient pas», dit M. Charest.

À quand, les partielles?

M. Charest n'a pas voulu dire quand il déclenchera des élections partielles dans Bonaventure, la circonscription de Gaspésie qui est orpheline depuis la démission de Mme Normandeau. «Nous allons la tenir à un moment que nous jugeons approprié», s'est-il borné à dire. En vertu de la loi électorale, il a six mois pour déclencher ces élections partielles.

La Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault dit ne pas savoir si elle présentera un candidat.

Attentes pour Moreau

Transport 2000, uneassociation qui défend les usagers du transport en commun, refuse de se réjouir du départ de M. Hamad. «Nous n'étions pas déçus de son travail», assure son président Robert Dubé. Il n'impute pas la responsabilité de la crise du transport à M. Hamad, avec qui il dit avoir eu de bonnes relations.

Même son de cloche de Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil. Elle dit ne «pas nécessairement être inquiète» du changement de ministre, car M. Moreau est député de Châteauguay et connait déjà le dossier de la congestion routière.

Coralie Deny du Conseil régional de l'environnement de Montréal salue les premiers efforts de M. Hamad en transports en commun, mais elle prévient son successeur que beaucoup reste encore à faire.

Le PQ est nettement plus critique. «Sam Hamad a caché les rapports (des ponts Mercier et Champlain), et le premier ministre ne lui reproche pas», s'indigne-t-il.

Les environnementalistes donnent une chance à Clément Gignac. Le nouveau ministre est l'ancien économiste en chef de la Financière Banque nationale. «Il connaît le développement, mais pas vraiment la conservation, Or, c'est aussi le mandat de son nouveau ministère. C'est un contre-emploi. Mais on a déjà été agréablement surpris par des contre-emplois, alors on lui donne une chance.»

Mme Normandeau «dansait sur deux pieds», en promouvant autant les énergies vertes que le gaz de schiste, rappelle Steven Guilbeault d'Équiterre. Il espère que M. Gignac aura une approche différente.