Même Pauline Marois a qualifié de «raides» les discussions qu'elle a eues avec ses présidents d'association réunis à huis clos, samedi. Derrière les portes closes, l'un des présidents d'association lui a carrément dit qu'elle «ne passe pas dans la population».

«Ça me brise le coeur de vous dire ça...», a commencé Alain Mongeau, président de D'Arcy-McGee et militant de longue date, qui a rappelé qu'il avait appuyé Mme Marois lors de la course à la direction de 2005. Puis il a déclaré que, à son avis, elle menait le PQ à la défaite. L'avocat Mongeau n'a pas rappelé La Presse, hier.

Mais cela n'a pas démonté la chef péquiste, qui a répliqué qu'elle prenait acte de ces remarques et qu'elle restait consciente du fait que la situation était difficile. Elle a reconnu qu'elle éprouve des problèmes à «connecter» avec l'électorat.

Les échanges sont restés moins musclés que lors de la conférence téléphonique de juin dernier. Tenue dans les heures qui avaient suivi la démission des Curzi, Beaudoin, Lapointe et Aussant, la conférence s'était transformée en séance de défoulement pour bien des militants traumatisés par la quasi-disparition du Bloc québécois, le 2 mai. La Presse avait alors eu accès aux enregistrements de la réunion, ce qui a incité la direction du parti à convoquer, cette fois, une réunion en bonne et due forme.

Le ton était plus calme, samedi, mais les présidents d'association sont restés interloqués quand Mme Marois a soutenu avoir des données internes qui démontrent que, en dépit d'un score anémique dans les sondages - autour de 18% - le PQ peut encore miser sur un plancher de 23 circonscriptions.

Certains participants estiment qu'il y avait «un double déni» dans cette réunion de samedi. Le PQ se comporte comme si François Legault n'était pas à la porte avec un nouveau parti. Les militants de Montréal observent aussi que Mme Marois ne semble pas tenir compte de la montée de Québec solidaire, qui menace des châteaux forts du parti dans le centre de Montréal.

Montréal-Centre en rogne

En matinée, des militants de Montréal-Centre avaient déjà exprimé leur mécontentement devant la nomination du président de Pointe-aux-Trembles, Vincent Grenier, comme porte-parole de leur région. Ce dernier est vu comme le représentant de Nicole Léger, la whip du parti, un appui inconditionnel de Mme Marois.

Les présidents de Saint-Henri-Sainte-Anne, de Rosemont et de Laurier-Dorion, François Lemay, Pierre-Yves Mailhot et Miguel Tremblay, ont quitté la salle bien avant la fin de la réunion, irrités que la direction du PQ ait imposé Grenier comme remplaçant d'Atim Leon.

D'autres, comme Philippe Leclerc, président de Mercier, ont demandé que Mme Marois appuie avec plus de détermination les propositions d'un Bernard Drainville sur les mécanismes démocratiques. À la fin du mois d'août, le député Drainville avait fait une série de propositions, comme le vote libre et les référendums d'initiative populaire, accueillies froidement par la chef.

L'idée des «états généraux sur la souveraineté» n'avait pas beaucoup d'appuis. Jacques Thériault, le président de Gouin, s'y oppose carrément. Plusieurs présidents estiment que Mme Marois n'aurait pas dû cautionner cette idée publiquement avant d'avoir consulté les instances et le caucus.

Pour rassurer les troupes, Mme Marois a indiqué que le PQ avait son plan pour l'automne: d'autres «assemblées citoyennes», tournée des cégeps et des universités, et mise en valeur des candidats, une opération sous la responsabilité de l'organisateur Dominic Mailloux. Mme Marois espère l'emporter dans 25 circonscriptions supplémentaires à celles déjà détenues par le parti.