Froissé par le peu d'empressement que met François Legault à courtiser l'ADQ, l'état-major de Gérard Deltell a décidé de se faire désirer, hier, et opté pour une stratégie de repli.

La direction de l'ADQ s'est réunie à Montréal lundi soir dernier. Avec les fuites des dernières semaines, on a mis l'accent sur l'importance de préserver la confidentialité des échanges.

Gérard Deltell, toujours très réticent à l'idée d'un rapprochement trop rapide avec la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault, a constaté rapidement le peu d'empressement de l'ex-ministre péquiste à tendre la main aux adéquistes. Il n'y aura pas d'échanges sérieux entre les deux groupes avant la fin des consultations régionales entamées lundi soir, soit à la mi-octobre. Selon lui, les positions des deux groupes ne sont pas «inconciliables», mais des compromis devront être faits des deux côtés.

Pour l'heure, on a donc décidé de «préparer l'ADQ» à ces discussions. Plusieurs tendances se côtoient dans le parti de Gérard Deltell. Certains, plus proches d'Adrien Pouliot, l'ex-patron de CFCF, sont opposés à tout rapprochement avec François Legault. La Commission des jeunes de l'ADQ s'oppose catégoriquement à une fusion avec la Coalition pour l'avenir du Québec: «Nous souhaitons le maintien de l'Action démocratique du Québec comme parti politique autonome», a-t-elle écrit dans un communiqué.

«Il existe plusieurs différences de nature fondamentale entre le programme de la Coalition et celui de l'Action démocratique, notamment en ce qui concerne les finances publiques, la gestion de la Caisse de dépôt, la santé, la langue et la culture», poursuit le communiqué.

Avec des gants

Le texte d'une résolution adoptée par la direction de l'ADQ montre bien qu'on aborde le rapprochement avec beaucoup de prudence: «Il est proposé que le comité de direction soit mandaté pour développer un modus operandi afin de donner suite à la volonté du chef d'examiner le contexte menant éventuellement à des discussions avec la Coalition pour l'avenir du Québec.»

La direction du parti a en outre discuté du texte souhaité par Gérard Deltell, qui tenait à ce que les valeurs fondamentales de l'ADQ soient couchées sur papier avant tout rapprochement avec le groupe de M. Legault. Obtenu par La Presse, le texte ne parle pas de la gestion du réseau de la santé, une pomme de discorde potentielle entre les deux groupes - l'ADQ souhaite que le secteur privé y joue un rôle, ce que réprouve François Legault.

En revanche, on y précise maintes fois que l'État ne doit pas intervenir davantage dans la vie des Québécois, une mise en garde à l'ex-ministre péquiste, perçu comme favorable à un État omniprésent.

Pour l'ADQ, le secteur privé doit être «le moteur du développement économique», et l'État «n'a pas comme rôle de se substituer à l'entreprise privée».

On réaffirme enfin les racines fédéralistes du parti de Mario Dumont: «Les Québécois doivent contribuer à un Canada uni et démocratique.»