Trois mois après avoir claqué la porte du Parti québécois (PQ), le député Jean-Martin Aussant a annoncé hier qu'il fonde son propre parti souverainiste. Douze des treize membres du bureau de direction de l'association péquiste de sa circonscription, Nicolet-Yamaska, ont décidé de le suivre.

Mais il y a un hic. Le Directeur général des élections pourrait refuser à M. Aussant le nom qu'il souhaite donner à son parti: l'Option nationale. Un parti politique a en effet déjà existé sous cette appellation à la fin des années 90.

Selon Jean-Martin Aussant, les deux partis souverainistes à l'Assemblée nationale, le PQ et Québec solidaire, «ne font rien pour faire avancer rapidement» la cause. Ils sont les partis du «peut-être» et du «on verra», a-t-il affirmé en conférence de presse dans sa circonscription.

«J'en suis venu à la conclusion malheureuse qu'il n'y a pas de parti actuellement qui fait [la promotion de la souveraineté] de façon sincère et engagée. Le simple fait de mettre le mot «souveraineté» dans un discours ne fait pas que notre parti est fortement souverainiste. Il faut un nouveau parti qui a un message plus clair sur la souveraineté et, surtout, qui n'a pas peur de perdre une élection parce qu'il parle de souveraineté.»

Fonder un nouveau parti est une tâche colossale, a-t-il reconnu. Il ne s'attend pas à un «succès national automatique». «Mais la motivation est là», a-t-il assuré. M. Aussant souhaite que son nouveau parti soit prêt si des élections ont lieu au printemps. Il entend solliciter le mandat de rapatrier tous les pouvoirs en matière d'impôts, de lois criminelles et de traités internationaux. Il proposerait ainsi une forme d'élection référendaire. «La souveraineté n'est pas un rêve ludique. C'est un fait que le Québec va mieux se développer s'il contrôle tous ses outils de développement», a fait valoir M. Aussant.

Démissions en bloc

Douze membres du bureau de direction de l'association du PQ dans Nicolet-Yamaska ont annoncé leur démission après la conférence de presse du député. «Notre comté a été forcé, ni plus ni moins, de se taire après avoir voulu toucher à la proposition principale» sur la gouvernance souverainiste, l'ébauche de programme qui a été adoptée au congrès d'avril, déplore la présidente Marjolaine Lachapelle dans sa lettre de démission. «Avec le temps, nous avons réalisé que la souveraineté devait toujours laisser sa place à des jeux politiques de toutes sortes.»

En entrevue à La Presse, elle a ajouté que Pauline Marois est en train «d'oublier la raison pour laquelle le PQ a été fondé».

En raison de ces démissions, le PQ a placé l'association sous tutelle. Une assemblée générale des membres de la circonscription - il y en a environ 1000, selon le PQ - se tiendra pour élire un nouveau bureau de direction.

La chef du PQ, Pauline Marois, n'a eu qu'une phrase en guise de réplique à la sortie de M. Aussant. «Diviser le vote souverainiste, ça ne fait pas avancer le pays vers la souveraineté», a-t-elle dit. Mais selon M. Aussant, «le vote souverainiste est déjà divisé parce qu'il n'y a pas de véhicule qui offre un message clair» pour l'option.

L'ex-péquiste assure que d'autres appuis seront annoncés bientôt. Les autres députés démissionnaires du PQ - Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Louise Beaudoin - n'ont pas l'intention de se joindre à son nouveau parti.

En janvier 1997, le DGE a autorisé la création d'un parti sous le nom Option nationale. Son chef était Jean Brière. Il a perdu l'autorisation du DGE le 14 novembre 1998, juste avant les élections générales. À l'époque, la loi obligeait un parti à présenter au moins 20 candidats pour conserver son autorisation.

Comme le nom Option nationale a déjà été utilisé, il est «possible» que M. Aussant ne puisse l'employer, bien que ce ne soit pas un «motif automatique de refus», a fait savoir le porte-parole du DGE, Denis Dion.

Un comité étudiera la demande du député. Le fait que l'Option nationale de M. Brière a été éphémère et marginale joue en sa faveur. Le choix d'un nom donne du fil à retordre à M. Aussant. Le DGE avait rejeté la première désignation qu'il avait soumise, Option Québec, titre d'un essai de René Lévesque paru en 1968, avant la création du PQ. Un groupe étudiant porte déjà ce nom.