La disparition de trois circonscriptions en région n'émeut pas le fondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), François Legault.

L'ancien ministre péquiste ne veut rien entendre non plus d'une «Chambre des régions», une idée évoquée il y a quelques semaines par la chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois.

En entrevue à La Presse Canadienne, lundi, M. Legault a dit en avoir assez de voir libéraux et péquistes manoeuvrer en coulisse pour accroître le nombre de députés au Québec sous prétexte de protéger les intérêts régionaux.

«Les politiciens s'amusent à faire de la petite politique avec le dossier de la carte électorale. Je pense que la dernière chose qu'on a besoin au Québec c'est d'ajouter trois comtés», a affirmé M. Legault, dont le mouvement attire de nombreux militants libéraux, péquistes et adéquistes désabusés.

Des observateurs s'attendent à ce que le gouvernement Charest rappelle au cours des prochains jours le projet de loi 19 visant à instaurer un «régime temporaire» concernant la représentation électorale.

La loi créerait trois nouvelles circonscriptions dans la ceinture de Montréal pour répondre à la croissance démographique et empêcherait la disparition de trois autres en région qui ne respectent plus le seuil minimal de population requis.

Cette solution serait temporaire, le temps que les parlementaires adoptent de nouveaux critères pour éviter que des circonscriptions régionales soient rayées de la carte sur la seule base de leur démographie déclinante.

Quoi qu'il en soit, le Québec compterait 128 circonscriptions aux prochaines élections générales plutôt que 125 comme c'est le cas à l'heure actuelle.

Pourtant, avec 125 députés, le Québec est fort bien représenté et n'a pas besoin d'un seul élu de plus, selon M. Legault.

«En Ontario, pour une population 50 %plus élevée, il y a 107 comtés. Il y a assez de comtés au Québec», a-t-il fait valoir.

À ses yeux, les régions ne manquent pas de représentants à l'Assemblée nationale mais plutôt de leadership politique au plus haut niveau.

«C'est vrai que la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent souffrent économiquement et la richesse par habitant y est moins élevée qu'ailleurs au Québec. Alors il faut que le ministre du Développement économique s'occupe mieux de ces régions. Leur développement passe bien plus par le premier ministre et le ministre du Développement économique que par un ou deux députés supplémentaires», a-t-il analysé.

Aussi, la création de trois comtés urbains populeux et la sauvegarde de trois autres en déclin démographique dans les régions entraîneraient une distorsion de la démocratie - le principe un homme, un vote - à laquelle s'oppose le cofondateur de la CAQ.

«Quand je vois et le Parti libéral et le Parti québécois se mettre les mains dans la réforme de la carte électorale, je ne pense pas que ce soit ça la démocratie. En démocratie, le poids des votes doit être comparable entre les citoyens», a-t-il dit.

L'ex-ministre juge tout autant inadmissible la proposition avancée par la chef péquiste Pauline Marois d'instaurer une «Chambre des régions», une sorte de Sénat élu qui serait doté d'un certain nombre de pouvoirs. De l'avis de Mme Marois, la Chambre des régions assurerait une meilleure représentation des milieux ruraux à l'Assemblée nationale.

Le Québec ne souffre pas le moins du monde de l'absence d'un Sénat mais mérite une classe politique capable d'insuffler un nouvel élan à l'économie des régions, estime M. Legault.

«Ce n'est sûrement pas avec un Sénat des régions qu'on va régler nos problèmes. Il faut mettre de côté la partisanerie et s'occuper des problèmes. Faire de la politique autrement, c'est s'occuper des enjeux qui touchent les citoyens, comme l'accès à un médecin de famille, à un enseignement de qualité et à un meilleur revenu», a-t-il soutenu.