L'échec des chantiers Davie pour l'obtention de plantureux contrats de construction de navires démontre l'impuissance «crasse» du gouvernement face à son homologue fédéral, selon le Parti québécois.

La députée de Taschereau, Agnès Maltais, a affirmé jeudi que les libéraux ont perdu tout rapport de force dans ce dossier lors de la dernière élection fédérale.

Mme Maltais a rappelé que le ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, avait publiquement appuyé la réélection du ministre conservateur Steven Blaney dans la circonscription de Lévis, où se trouve le chantier naval.

«Si vous avez tout mis en oeuvre, c'est le signe de votre impuissance crasse devant le fédéral», a-t-elle dit en Chambre.

Le chantier maritime Irving, de Halifax, a obtenu mercredi un contrat de 25 milliards $ pour la construction de navires militaires, tandis que Seaspan Marine, de Vancouver, a été choisi pour les navires non-militaires de huit milliards $, un contrat convoité par Davie.

Lors de la période des questions, jeudi, la chef péquiste Pauline Marois a soutenu que les contribuables québécois financeront le sauvetage des deux chantiers maritimes retenus.

«Ça veut dire que chaque Québécois qui paie des impôts à Ottawa va verser 1800$ de sa poche pour la construction de ces navires et n'en retirera rien, a-t-elle dit. À l'opposé, la Nouvelle-Écosse recevra l'équivalent de 26 000$ par habitant. C'est sans doute comme ça que ça marche, le fédéralisme asymétrique.»

La députée péquiste de Duplessis, Lorraine Richard, a affirmé que le gouvernement du Québec s'est trainé les pieds dans ce dossier.

Mme Richard a donné l'exemple du premier ministre Darrell Dexter, de la Nouvelle-Écosse, qui est allé à Ottawa pour mousser la candidature du chantier naval de Halifax.

Selon la députée, le premier ministre Jean Charest aurait dû faire la même chose.

«Pourquoi n'est-il pas allé à Ottawa défendre nos intérêts?, a-t-elle demandé. Il semble qu'il ne prenne pas ça très au sérieux.»

M. Charest a riposté en déclarant que son gouvernement a tout mis en oeuvre pour soutenir le chantier Davie.

«Je veux souligner le travail fait, entre autres, par le député de Lévis qui, avec un acharnement de tous les jours, a travaillé avec le syndicat, a travaillé également avec les développeurs potentiels», a-t-il dit.

Le ministre du Développement économique, Sam Hamad, a affirmé que le gouvernement québécois avait consenti des prêts de 53 millions $ à l'entreprise en 2009 en plus de l'aider à se trouver de nouveaux partenaires.

«Le gouvernement du Québec a tout fait pour que Davie présente une offre très compétitive», a-t-il dit.

À Ottawa, M. Blaney a défendu la neutralité du processus qui a mené à l'octroi des contrats, soutenant qu'il s'est tenu «à l'écart de la politique».

«Ce qui est important c'est qu'il y ait des appels d'offres publics qui sont faits et que les contrats soient accordés aux entreprises les plus méritantes», a-t-il dit.

Le ministre des Anciens combattants a soutenu qu'il a déployé tous les efforts nécessaires pour soutenir l'entreprise, qui était jusqu'à l'été dernier insolvable.

«C'est grâce à nos interventions que le chantier a été en mesure de participer à ce processus compétitif d'appel d'offres», a-t-il dit.

M. Blaney a insisté sur le fait que d'autres contrats fédéraux seront accessibles aux entreprises, pour la construction de plus petits navires et l'entretien de bateaux.