Une fusion entre l'ADQ et le nouveau parti de François Legault est prévisible, souhaitable, mais ne se fera pas à n'importe quel prix, a indiqué Gérard Deltell, qui s'entretenait lundi avec le bureau exécutif de son parti.

En soirée lundi, à l'issue de la réunion à huis clos, M. Deltell a indiqué par voie de communiqué qu'il allait entamer des «négociations» avec l'équipe de François Legault après la formation officielle de son nouveau parti, le 14 novembre. Vecteur de changement, l'ADQ «a intérêt à s'allier aux autres forces de changement situées au centre droit de l'échiquier politique», affirme M. Deltell, qui compte saisir l'ensemble de ses membres de l'avancement des discussions avec la CAQ au début de 2012.

La plupart des membres du bureau étaient estomaqués du peu d'avancement des discussions, confie-t-on. Le fondateur de l'ADQ, Me Jean Allaire, est revenu à la charge afin de plaider pour la fusion des deux partis. De leur côté, Gérard Deltell, le directeur général, Christian Lévesque, et Raymond Francoeur, un ancien député adéquiste, paraissaient carrément obsédés hier soir par les risques de fuites dans les médias.

Réclamée par le bureau, cette fusion ne se fera pas à tout prix, a prévenu M. Deltell. «Advenant un désaccord sur les idées qui constituent nos valeurs, l'Action démocratique du Québec défendra sa propre plateforme et présentera ses candidats aux prochaines élections générales. Toutefois, s'il y a une entente sur le plan des idées, c'est l'exécutif national et, ultimement, le congrès des membres qui devront approuver les modalités d'une entente», explique-t-il dans son texte.

«Il va falloir retrouver l'ADN de l'ADQ dans la nouvelle formule», prévient un membre du bureau, citant les mots utilisés par le chef quelques minutes plus tôt. Deltell et Legault ont déjà eu des rencontres et leurs entourages sont en contact depuis longtemps même si on se refuse à parler de «négociations» jusqu'ici. «Clairement, on n'est pas très loin; beaucoup des principes de l'ADQ se trouvent exprimés dans les positions écrites de la CAQ», a résumé un témoin de la présentation de Gérard Deltell. Même si le chef parle du début 2012, «à Noël, on va savoir où ça s'en va», ajoute-t-on.

Le bras droit de François Legault, Martin Koskinen, a souligné, hier, «le geste de rapprochement» de M. Deltell. «Le calendrier est raisonnable», a-t-il poursuivi, refusant de préciser quelles propositions adéquistes seraient acceptables ou non pour le nouveau parti. La présence du privé en santé pourrait être une pierre d'achoppement, cette position centrale de l'ADQ ne faisant pas l'affaire de François Legault. Au cours des dernières semaines, Gérard Deltell semblait, selon des proches, passablement ambivalent quant à un rapprochement avec la formation de M. Legault. Mais ses députés soulignent qu'il serait difficile pour les deux partis de rivaliser aux prochaines élections sans se nuire. Un récent sondage Léger Marketing montrait qu'un PQ mené par Gilles Duceppe l'emporterait dans un scrutin où la CAQ et l'ADQ seraient toutes deux en lice.

«Il faudrait avoir la tête dans le sable pour envisager le prochain grand rendez-vous en faisant fi du nouveau parti de la Coalition pour l'avenir du Québec», écrit Gérard Deltell, qui confirme des «discussions informelles» avec Legault sur «les idées de la Coalition et celles de notre parti».

«Mais aucune négociation n'a eu lieu jusqu'à présent», souligne-t-il.