Au lieu de commenter les idées de François Legault, Jean Charest s'est moqué de leur minceur. «J'ai compris qu'après un an de réflexion profonde et une grande tournée provinciale, la CAQ avait livré un nouveau logo et un nouveau thème: on verra. Alors la somme totale de tout le travail fait depuis un an se résume à un nouveau logo. J'imagine qu'ils doivent en être très heureux», s'est-il amusé ce midi avant de participer à une rencontre sur le Plan Nord.

Comme ses rivaux, le premier ministre s'est empressé de réagir devant les caméras à la conférence de la CAQ. Il relève que le nouveau plan d'action de M. Legault n'est pas plus détaillé que les documents sur les quatre priorités de la CAQ, qui avaient été déposés il y a plusieurs mois.

M. Charest accuse M. Legault ne pas parler d'environnement, de garderies ou d'aînés dans son plan d'action. Il avait peu de commentaires à faire sur les propositions de la CAQ, comme la hausse du salaire des enseignants, la nouvelle organisation du travail des médecins de famille ou l'abolition des commissions scolaires et des agences de santé. «C'est tellement mince... Il y a beaucoup de tarte aux pommes. Dans ses propositions, je vois des idées qui ne sont pas ficelées, qui ne sont pas réfléchies.»

Le premier ministre dit que le slogan de la CAQ devrait être «on verra». Mais il  a répondu essentiellement la même chose quand on l'a questionné sur la pertinence de créer un poste de Commissaire à l'intégrité, comme le suggère M. Legault. «On va avoir l'occasion d'en reparler», a-t-il répondu avant de mettre fin au point de presse.

De vieilles recettes, dit Marois

Pauline Marois a rappelé qu'il y a quelques années, François Legault exigeait que Bernard Landry s'engage à tenir un référendum dans un premier mandat et qualifiait le Québec de province «ingouvernable» à cause de la constitution canadienne.

Elle n'est pas impressionnée non plus par le «changement» que propose la CAQ. «On peut questionner le courage de M. Legault qui veut révolutionner le monde avec des recettes vieilles comme le monde», a vivement réagi la chef du Parti québécois.

Elle a qualifié de «décevantes» les propositions du plan d'action. «Il faut saluer l'arrivée d'un nouveau parti politique, ce n'est pas mauvais en soi, ça permet un choc des idées, mais encore faut-il que ce soit des idées neuves», a lancé Mme Marois.

Elle a notamment rejeté l'idée d'évaluer la performance des enseignants. «Je m'excuse, mais on n'est pas dans une manufacture, on est dans une école. Ce sont des enfants qui ont des difficultés, qui peuvent cheminer à leur risque et réussir à leur façon.»

Québec solidaire dit ne pas voir de différence significative entre la CAQ et les libéraux. «On croirait entendre le programme électoral de Jean Charest. Les moyens proposés sont un peu différents, mais pour l'essentiel M. Legault fait les mêmes belles promesses en santé et en éducation. Il propose des brassages de structures et mise sur des réaménagements administratifs pour dégager comme par magie des marges de manoeuvre. Il veut faire tout ça sans avoir dressé de bilan sérieux des commissions scolaires, des agences de santé, des besoins en main d'oeuvre d'Hydro Québec, etc», a dit sa cochef, Françoise David.

Elle aurait voulu que M. Legault exige «un effort fiscal» supplémentaire aux entreprises et aux riches.  Elle regrette aussi le quasi mutisme de M. Legault sur les gaz de schiste et l'environnement.

Silence remarqué de l'ADQ

L'ADQ est le seul parti qui n'a pas voulu commenter le plan d'action de la CAQ.

L'ex-péquiste et député indépendant de Deux-Montagnes, Benoît Charette, répète de son côté qu'il veut joindre la CAQ, mais pas avant le début de l'an prochain. «Si je devais m'afficher aujourd'hui, pendant un temps je serais le seul député» de la formation à l'Assemblée nationale. «Et franchement, je n'ai aucune envie de ça de mon côté. Je préfère travailler en équipe que de travailler fin seul du côté de Québec», a expliqué l'ex-péquiste. «Mon souhait est de travailler au sein de la Coalition, et reste à trouver le bon moment pour officialiser cette adhésion-là. Mais ce ne sera pas au cours de la présente année.» Il se dit «confiant» que la CAQ compte «quelques députés» à la reprise de travaux de l'Assemblée nationale en février.