Le torchon brûle au sein du comité exécutif de l'Action démocratique du Québec (ADQ) quant à la possibilité pour l'ancien parti de Mario Dumont de se joindre à la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault. Recrue vedette du chef Gérard Deltell, Adrien Pouliot souhaite le départ des partisans d'une fusion entre l'ADQ et le nouveau parti.

Sur sa page Facebook, M. Pouliot, ancien patron de CFCF et membre de la commission politique de l'ADQ, réclame même publiquement le départ du fondateur du parti, Jean Allaire, jugé trop favorable à la fusion avec la CAQ.

«Que ceux qui veulent se joindre à la CAQ, comme les Jean Allaire et Mario Charpentier, le fassent et quittent l'ADQ. Ça «nettoiera» le parti de ceux qui ne connaissent pas la différence entre la «gauche efficace» et ceux qui veulent un vrai parti ancré dans des valeurs de liberté et de responsabilité individuelle, [d'un] État qui s'en tient à l'essentiel et d'économie de marché dans un Québec fier, autonome et tourné vers le monde», écrit M. Pouliot. L'homme d'affaires montréalais fait partie, avec l'ex-patron de la Standard Life Claude Garcia, des quelques personnalités recrutées par Gérard Deltell peu de temps après son arrivée à la barre de l'ADQ. «Je ne suis pas membre de l'exécutif de l'ADQ, ce que je dis, sur Facebook ou ailleurs n'engage que moi» de soutenir M. Pouliot.

Gérard Deltell a refusé de faire des commentaires, mardi, mais son attaché de presse, Sébastien Lépine, a soutenu que «le débat doit porter sur les idées et non les personnalités... et se faire à l'intérieur du parti».

M. Allaire est l'un des principaux partisans d'une fusion avec la CAQ, tout comme l'ancien président de l'ADQ, Mario Charpentier, bonne connaissance de l'ancien ministre péquiste.

Lundi, Françcois Legault n'était manifestement pas pressé de tendre la main aux adéquistes. Plutôt indifférent, M. Legault a soutenu que l'ADQ pouvait demeurer comme adversaire de la CAQ aux prochaines élections. Il n'a toutefois pas fermé la porte au privé en santé, un des principes fondamentaux de la plateforme adéquiste, mais il en a parlé en termes très vagues, évoquant «des projets pilotes, dans 10 ans». «On verra», a-t-il laissé tomber, une formule qu'il a répétée à plusieurs reprises dans son point de presse.

Mardi, M. Deltell a rappelé que la CAQ et son parti vont «amorcer des discussions formelles» pour déterminer s'ils peuvent s'entendre.

La CAQ... et Marteau

Par ailleurs, l'agent officiel du ministre des Finances Raymond Bachand dans la circonscription d'Outremont, le comptable Marc Deschamps, est passé dans le camp de François Legault. M. Deschamps, agent officiel du Parti libéral du Québec dans Outremont depuis 21 ans, sera désormais l'agent officiel de la Coalition avenir Québec. «Je regarde vers l'avenir, ce que la Coalition propose. Je n'ai pas de déclaration à faire de nature politique, mais il est certain que lorsqu'on fait un geste comme ça, c'est qu'on est d'accord avec les valeurs du parti», a expliqué M. Deschamps, mardi, à La Presse.

M. Deschamps est aussi agent officiel pour Union Montréal, depuis la fondation du parti il y a 10 ans, une fonction qu'il continuera d'exercer. À ce titre, il a reconnu hier avoir été rencontré à quelques reprises par les agents de l'escouade Marteau, groupe spécialisé de la Sûreté du Québec sur l'industrie de la construction.

Tout en s'occupant du financement du parti, M. Deschamps a fait partie, à titre de consultant, du comité de sélection de Raymond Chabot Grant Thornton dans le dossier du Faubourg Contrecoeur. «On m'a posé plein de questions sur toutes sortes de choses contractuelles. C'est de notoriété publique. C'est sûr qu'il y a eu des questions pour savoir s'il y avait eu des pressions extérieures. La réponse est non...» a résumé le comptable.

«Tout le monde a rencontré Marteau, même le maire. Ils ont posé des questions sur les finances du parti, c'est tout à fait normal.» Les agents de Marteau ont posé «les mêmes questions que le DGE quand il reçoit les états financiers. La vérité est simple, les contributions anonymes sont recueillies dans le cadre des activités normales du parti», a-t-il indiqué. La loi permet aux partis municipaux de recueillir de façon anonyme jusqu'à 20% de leur financement.

L'agent officiel d'un parti se porte garant du respect de la Loi sur le financement des partis politiques auprès du Directeur général des élections.

Nancy Charest ne sera pas du camp Legault

Au lendemain du lancement de la Coalition avenir Québec, l'ex-députée libérale Nancy Charest a fait savoir dans les médias gaspésiens qu'elle ne serait pas dans le camp Legault.

Ex-députée du PLQ, Mme Charest a obtenu un résultat honorable pour les libéraux fédéraux dans Matane, aux dernières élections. Elle a participé cet automne aux événements organisés par M. Legault. À une radio locale, elle a expliqué que l'absence de position de la CAQ en matière de développement régional l'a refroidie.

Par ailleurs, M. Legault a eu un entretien téléphonique avec Éric Caire et Marc Picard, deux adéquistes devenus indépendants, dans la première semaine de novembre, a-t-on indiqué dans l'entourage du chef de la CAQ. Leur entrée dans la Coalition n'est pas une priorité pour François Legault; il leur a fait savoir qu'on aborderait le cas des députés «indépendants» une fois les discussions terminées avec l'Action démocratique.