Critiquée de toutes parts pour avoir embauché deux cadres supérieurs unilingues anglophones, la Caisse de dépôt et placement annoncera aujourd'hui des mesures pour corriger le tir.

C'est ce qu'a révélé le premier ministre Jean Charest cet avant-midi, lors de la période des questions à l'Assemblée nationale.

Selon le canal Argent, le vice-président principal, ressources humaines et services corporatifs, David Smith, sera soumis à une immersion de trois mois en milieu francophone et sera muté à l'international par la suite.

De son côté, Jean Charest « ne ferme pas la porte » à l'idée de modifier la loi 101 pour que celle-ci s'applique non seulement à la Caisse mais également à toutes ses filiales.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, lui a demandé d'amender la Charte de la langue française en ce sens. Rappelons que l'article 20 prévoit qu'une connaissance appropriée de la langue française est une condition d'embauche dans les administrations publiques. La Caisse de dépôt et placement est soumise à cette exigence, mais pas Ivanhoé Cambridge. Cette filiale et toutes les autres de la Caisse ne sont pas considérées comme une administration publique.

Rappelons que La Presse révélait mardi qu'un groupe d'employés d'Ivanhoé Cambridge se sont plaints à l'Office québécois de la langue française. Ils dénoncent l'unilinguisme du président anglophone de l'exploitation, Kim McInnes, et du vice-président principal, ressources humaines et services corporatifs, David Smith. Les deux hommes ont été embauchés sous le règne de l'actuel PDG de la Caisse, Michael Sabia. Jean Charest affirmait mardi que cette situation est «inacceptable».

«Il apparaît évident qu'au-delà de l'indignation du premier ministre, celui-ci doit nous dire ce qui sera fait concrètement pour corriger la situation, et surtout s'assurer qu'elle ne se reproduira pas, a affirmé Pauline Marois. Le premier ministre va-t-il modifier la loi pour qu'elle s'applique aux filiales de la Caisse?»

Jean Charest a répondu qu'«on s'attend à ce que la Caisse de dépôt et placement comme les autres institutions québécoises respectent l'esprit de la loi. Si cela nous amène à faire des changements, je ne fermerai pas la porte à des changements. Nous nous attendons à ce que la Caisse comme institution assume ses responsabilités conformément aux valeurs québécoises».

Il a souligné que «la Caisse doit respecter les lois linguistiques, les appliquer, et faire en sorte que là où on parle français, on respecte les droits des Québécois. On s'attend à ce qu'elle agisse en conséquence. Et elle doit agir en conséquence. Elle annoncera aujourd'hui les mesures qu'elle doit prendre à cet effet».

Pauline Marois a qualifié d'«aberration» le fait que «la Caisse entend réembaucher un deuxième responsable des ressources humaines pour s'occuper uniquement des employés francophones alors que le vrai boss, le grand boss, va s'occuper des autres». La Presse indique ce matin que David Smith a été préféré à deux francophones bilingues d'expérience pour devenir le chef des ressources humaines d'Ivanhoé Cambridge.