Le premier ministre Jean Charest estime que bien des pourfendeurs de son Plan Nord «ne savent pas du tout de quoi ils parlent». L'appétit des sociétés minières est grand, mais le gouvernement «va prendre les mesures nécessaires» pour que le Québec «garde le contrôle» sur son développement, a-t-il soutenu hier. Ce développement sera «ordonné».

Jean Charest a annoncé la «stratégie touristique» de son Plan Nord. Elle prévoit des investissements publics et privés de 70 millions de dollars. Québec y consacrera 32 millions, surtout pour la construction d'infrastructures (hôtels, auberges, pourvoiries et maisons touristiques).

Son objectif est de faire du nord du 49e parallèle une «destination touristique de classe mondiale» d'ici à 2021. Québec évalue que les dépenses annuelles des touristes dans le Nord passeront de 82 millions à l'heure actuelle à 140 millions dans 10 ans.

En conférence de presse, Jean Charest a été piqué au vif lorsque La Presse est revenue sur les critiques formulées à l'égard du Plan Nord lors d'un colloque organisé à HEC Montréal, mardi.

«Quelqu'un disait que le Plan Nord a été fait sans consultation. Mais je connais peu de projets au Québec qui auront fait l'objet d'autant de consultations avec autant de personnes pendant autant de temps que le Plan Nord. Il faut faire attention. Il y a plein de gens qui font des commentaires sur le Plan Nord et qui, de toute évidence, dans bien des cas, ne savent pas du tout de quoi ils parlent et qui n'ont pas fréquenté le Nord», a-t-il lancé.

Selon lui, le Plan Nord est un projet «unique» au monde, et «il ne faut pas avoir peur de ça».

Lors du colloque, Yvan Allaire, professeur émérite de stratégie à l'UQAM, a soutenu que les redevances devraient être alignées sur le prix de la ressource plutôt que sur les profits de la mine. Il a également proposé que les profits des sociétés minières soient plafonnés à 30%. Tous les profits supérieurs iraient dans les coffres de l'État.

Hausse des redevances

Questionné au sujet de cette proposition, Jean Charest a répondu que le régime actuel, bonifié, est l'un des meilleurs du Canada. En tenant compte de toutes les mesures fiscales, «le gouvernement du Québec va chercher 41% des profits des entreprises». «On a fait des comparaisons avec nos voisins, et on est au bon endroit», a-t-il affirmé.

Selon lui, la chef péquiste Pauline Marois n'a pas posé de questions sur le régime de redevances depuis deux jours à l'Assemblée nationale parce que l'ancien premier ministre Jacques Parizeau l'a «contredite directement» sur cette question. «Mme Marois et le PQ disent que les redevances ne sont pas assez élevées, alors que M. Parizeau dit que le gouvernement a fait le rattrapage nécessaire», a-t-il souligné.