Un médecin de famille pour tous les Québécois, dès 2016. Tel est l'engagement pris par le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Il ne s'agit pas là d'une promesse en l'air, assure-t-il, mais bien d'une nouvelle réalité: la pénurie de médecins sera bientôt chose du passé, au Québec, où on voit déjà poindre, dans certaines spécialités, le phénomène inverse, soit des médecins en trop grand nombre.

Lors d'une entrevue à La Presse Canadienne, le ministre Bolduc a fait le point sur la relève chez les omnipraticiens et la formation des Groupes de médecine familiale (GMF), deux solutions identifiées en vue de régler le problème d'engorgement de la première ligne du réseau.

D'entrée de jeu, le ministre dira que, contrairement à ce que bien des gens pensent, l'accès à un médecin de famille est un problème à ses yeux pratiquement réglé, qui se résorbera graduellement d'ici 2016.

Il est donc faux de prétendre, comme on l'entend souvent, qu'il manque au Québec 1000 omnipraticiens. Le ministre dément aussi la croyance populaire voulant que 2 millions de Québécois ont besoin d'un médecin de famille et n'en trouvent pas. Ce chiffre ne correspond tout simplement pas à la réalité, selon lui.

«Les vrais chiffres» indiquent plutôt que pas moins de 75 pour cent des Québécois ont déjà un médecin de famille, soutient Yves Bolduc. Partant de là, son objectif consiste à faire grimper ce pourcentage à 90 pour cent de la population d'ici environ quatre ans, en tenant pour acquis que de toute façon 10 pour cent des gens ne tiennent pas à avoir un médecin de famille.

Il compte y arriver de diverses façons, d'abord en tirant enfin profit des cohortes supplémentaires de médecins formées depuis 2003, alors que le nombre d'admissions est passé de 400 à 825 étudiants. Du total des nouvelles recrues, la moitié choisit la médecine familiale.

Surtout, il compte compléter le réseau des 300 GMF, à travers tout le Québec, d'ici 2014. Il y en a actuellement 245 qui sont accrédités. «J'en signe un par semaine!», dit le ministre, qui met les bouchées doubles pour atteindre son but.

«S'il y a des élections dans un an, je vais quasiment être rendu à 300», calcule le ministre.

Et quel que soit le parti qui prendra le pouvoir aux prochaines élections, «ça va être ça», ajoute-t-il, faisant allusion à l'engagement pris par la Coalition Avenir Québec de François Legault de mieux rémunérer les médecins pour qu'ils prennent davantage de patients dans les GMF.

À son avis, M. Legault ne fait donc qu'enfoncer une porte ouverte: «Ce qu'il promet, ce sont des affaires qu'on a déjà pris comme décisions.»

Les GMF offrent des heures d'ouverture plus longues que les cliniques médicales, donc une meilleure accessibilité, et favorisent le travail en groupe, appuyé par des infirmières.

Déjà, dans l'entente signée entre Québec et les omnipraticiens cette année, les médecins ont droit à une meilleure rémunération s'ils voient plus de patients.

Pour offrir l'accès à un médecin de famille, M. Bolduc mise aussi sur le fait que les médecins plus âgés continuent à pratiquer une fois atteint l'âge de la retraite.  «C'est un sur cinq qui arrête à 65 ans», calcule-t-il.

Il compte de plus sur les super-infirmières, qui font une partie des actes auparavant réservés aux médecins, permettant à ces derniers de voir plus de patients.

Pour illustrer le fait que la pénurie de médecins est en passe de devenir chose du passé, il observe qu'on enregistre désormais le phénomène inverse, soit des jeunes médecins formés en trop grand nombre dans certaines spécialités: chirurgie générale, ophtalmologie, neurologie, neurochirurgie, chirurgie cardiaque et néphrologie. Le phénomène commence même à inquiéter la Fédération des médecins résidents, qui dit craindre, dans la dernière édition de son magazine, voir l'apparition du chômage chez les médecins.

Il y a cependant encore des pénuries dans les spécialités suivantes: gériatrie, rhumatologie, physiatrie, dermatologie, chirurgie plastique.