Des référendums déclenchés par la seule volonté des citoyens, des élections à date fixe et l'instauration du droit de vote à 16 ans; le Parti québécois promet de «changer la politique» avec une douzaine de propositions qui seront discutées en conseil national, à la fin du mois de janvier.

«Jamais un parti politique n'est allé aussi loin dans la volonté de proposer de vrais changements. Le Parti québécois propose de changer la politique», a soutenu Pauline Marois, mercredi en point de presse. Elle a levé le voile sur les propositions retenues - formulées cet automne par les députés Bernard Drainville, Sylvain Pagé et Pascal Bérubé. Selon Mme Marois, «les citoyens ont le sentiment qu'ils ne sont pas bien écoutés», la crédibilité des élus est minée, et il convient de «redonner confiance aux Québécois dans leurs institutions».

Fini la bisbille

Mme Marois est convaincue que la bisbille est derrière elle. «Mes militants, mes présidents d'association me supportent... Nous verrons le résultat lors d'une élection générale», a-t-elle soutenu.

Parmi les idées qui seront discutées par les délégués, la direction du parti propose de «modifier la Loi sur la consultation populaire afin d'y ajouter la possibilité de déclencher des référendums nationaux d'initiative populaire». On précise que l'Assemblée nationale consultera la population sur «les modalités de la mise en place» de ces consultations.

Bernard Drainville, qui a appuyé cette idée qui se trouve depuis longtemps dans les cartons du PQ, s'est dit satisfait de la voir discutée en janvier. Dans l'ensemble, il est satisfait du sort réservé aux propositions faites par les députés péquistes. Les militants devront débatte des appuis requis pour enclencher un processus - M. Drainville proposait 15% de la population, soit 800 000 électeurs. Il faudra s'assurer que ces référendums ne tombent pas entre les mains de lobbies. «On a eu un bon débat, et à partir du moment où cela peut être balisé, je me suis ralliée à cette idée», a dit la chef péquiste. Par le passé, elle s'interrogeait notamment sur le fait que le gouvernement puisse être contraint de tenir une consultation malgré lui.

D'autres propositions visent à favoriser la transparence du gouvernement: Québec sera forcé de publier, six mois avant les élections à date fixe, un portrait limpide de la situation économique. Des assemblées publiques dans les circonscriptions seront obligatoires et le gouvernement devra déposer chaque année, à l'Assemblée nationale, un bilan de l'avancement de ses engagements électoraux.

On prévoit aussi que les parlementaires puissent convoquer les candidats choisis par le Conseil des ministres à des postes de dirigeant de société d'État ou de sous-ministre.

La direction du PQ propose aussi de décentraliser la gestion de la santé, de l'éducation et des services sociaux. On suggère également une «étude» sur un système électoral uninominal à deux tours. On proposera que les étudiants puissent voter par anticipation, et que leur voix s'inscrive dans leur circonscription d'origine. L'âge du droit de vote passerait de 18 à 16 ans. «Si on engage un tel débat, ce n'est pas pour mettre les propositions sur les tablettes», a prévenu Mme Marois.

Défections d'employés

Après les députés et les présidents d'association, la grogne semble avoir gagné les employés politiques au PQ. Dans Rousseau, ancienne circonscription de François Legault, deux employés du député péquiste Nicolas Marceau ont décidé de quitter le PQ pour rejoindre leur ancien patron à la Coalition avenir Québec. Lynne Harpin, attachée politique, explique à un hebdo local avoir commencé à réfléchir à sa carrière à la suite des disputes internes au Parti québécois. «Je ne me reconnais plus dans cette situation. C'est une grande décision pour moi et ce n'est pas facile», dit-elle avant de préciser que son choix n'a rien à voir avec le travail de son patron,

M. Marceau. Mme Harpin va travailler à la CAQ.

«M. Legault est quelqu'un en qui je crois. Je ne veux pas dénigrer ce qui se fait, mais plutôt bâtir avec une nouvelle vision et de nouvelles façons de faire», dit-elle. Elle est imitée par Nicole Savard, ex-secrétaire de M. Legault et employée de l'Assemblée nationale. Des choix qui ont fait mal dans les rangs des péquistes au Parlement. Martin Koskinen, bras droit de M. Legault, a toutefois indiqué ne pas prévoir d'autres transfuges chez les employés politiques.

En revanche, dans l'association péquiste de Rousseau, on ne retrouve pas la même tentation. «On est unanimes derrière Pauline Marois et Nicolas Marceau», dit sans appel la présidente de l'association, Francine Bujold.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard