Le gouvernement du Québec doit cesser de faire affaire avec les entreprises qui ne respectent pas la loi et l'esprit de la loi 101, propose le Parti québécois. «Il y a 12 ministres qui donnent pour plus de 5 millions de contrats à la Banque Nationale sans dire un mot, 12 ministres qui manquent à leur devoir. [...] Est-ce que le premier ministre va exiger de ses ministres et de lui-même [ce] que nous tous devons faire? Dire à la Banque Nationale: pas de français, pas de contrat?», a lancé son critique en matière d'institutions financières, François Rebello.

L'anglais est la principale langue de travail de plusieurs employés de la Banque Nationale, a récemment révélé La Presse. Les banques relèvent du fédéral, mais la Banque Nationale a choisi de se conformer au certificat de francisation de l'Office québécois de la langue française (OQLF).

En Chambre jeudi, la chef du PQ, Pauline Marois, s'est inquiétée du «recul» du français. La Presse a expliqué jeudi que l'anglais a un statut spécial chez Bombardier Aéronautique, parce que la majorité de ses ventes se fait à l'international. Le français n'y est pas encore «la langue habituelle de travail» puisque l'entreprise n'a toujours pas son certificat de francisation, 30 ans après avoir entamé son programme de francisation. De plus, certaines divisions sont dispensées de se conformer à la loi 101. Au Groupe CGI, plusieurs réunions de gestion se font en anglais, se sont plaints des employés à La Presse.

Pas d'amendement à la loi 101 en vue

«Les lois doivent être respectées, pas uniquement appliquées à la lettre, mais appliquées également dans l'esprit. Et chaque fois qu'il y aura un manquement, nous allons, nous, faire en sorte que les gens soient rappelés à l'ordre et que nous puissions prendre les mesures pour continuer à défendre avec beaucoup de vigueur notre langue», a réagi le premier ministre Jean Charest. Malgré cet engagement, il n'a pas indiqué vouloir donner suite à la suggestion de l'opposition officielle.

La ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, ne semble pas non plus vouloir modifier la loi 101 pour protéger le français dans les filiales des organismes gouvernementaux, comme ceux de la Caisse de dépôt et placement. Deux hauts dirigeants d'une filiale de la Caisse, Ivanhoé Cambridge, sont unilingues anglophones.

Mme St-Pierre explique en outre que des actions ont déjà été prises pour renforcer le français chez Bombardier. «Une entente a été faite entre la compagnie Bombardier et l'OQLF pour un programme de francisation avec 50 mesures. Et la FTQ, qui est le syndicat chez Bombardier, a reçu d'ailleurs de l'argent supplémentaire pour qu'on puisse améliorer la situation.»

Bombardier a reçu son statut spécial de l'OQLF en 1981. Il a été renouvelé en 2006. «Mais dès 1981, ils avaient l'obligation d'appliquer un programme de francisation dans leur entreprise. [...] C'est le laxisme du gouvernement actuel qui permet que des choses comme celles-là se produisent et continuent», a tonné Mme Marois.