Pauline Marois n'a pas écarté vendredi la possibilité de nouvelles défections au Parti québécois. Au terme d'une session parlementaire éprouvante pour son leadership, la chef péquiste a dit croire que le PQ a enfin repris l'initiative après avoir traversé des «moments difficiles» et encaissé «d'importants ratés».

Néanmoins, a-t-elle convenu, il impossible de prédire si l'hémorragie est terminée tant au sein du caucus que chez les militants.

«Je crois que oui, mais on ne sait jamais, n'est-ce pas? Je ne suis pas dans la tête de toutes les personnes qui réfléchissent», a laissé tomber Mme Marois à quelques heures de la fin des travaux parlementaires.

Depuis le printemps dernier, Mme Marois a perdu six députés, tous insatisfaits de son leadership. D'autres élus qui souhaitaient son départ se sont résignés à demeurer dans le caucus.

À cela s'ajoutent les membres d'associations locales qui ont claqué la porte et réclamé sa démission.

La leader souverainiste a cependant fait savoir qu'elle demeurera en fonction, au nom de ses «convictions».

«J'ai des convictions que je partage avec des milliers de membres du Parti québécois. (...) Nous avons eu dans les derniers mois des ratés importants, cependant nous nous sommes ressaisis et nous reprenons l'initiative», a-t-elle soutenu.

La chef du PQ a décoché une flèche à l'endroit des députés dissidents Daniel Ratthé et Benoît Charette, qui ont tous deux exprimé leur intérêt pour la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault.

L'un d'eux devrait céder son siège à M. Legault pour qu'il monte dans l'arène de l'Assemblée nationale, a-t-elle suggéré.

«Il a semble-t-il des collègues qui vont se rallier à lui ou certains qui ont déjà manifesté de l'intérêt à son endroit. Il faudrait leur demander de céder un siège et il pourrait venir nous rejoindre à l'Assemblée nationale où on pourrait lui poser des questions», a lancé Mme Marois.

Jour après jour ces dernières semaines, le PQ a harcelé le gouvernement sur la corruption dans l'industrie de la construction et sur l'attribution controversée des places en garderie.

Malgré cela, le Parti québécois a dû se contenter du deuxième rang lors de la récente élection complémentaire dans Bonaventure, loin derrière le Parti libéral.

Pour sa part, Gérard Deltell a déclaré que l'Action démocratique du Québec venait de vivre sa session parlementaire «la plus percutante et pertinente» depuis trois ans.

Avec un minuscule caucus de quatre députés, l'ADQ, selon lui, a servi au gouvernement Charest une opposition nettement supérieure à celle du Parti québécois.

«Oui, à quatre, nous avons été meilleurs qu'à 45. Les 45 députés du Parti québécois qui, malheureusement, se sont mêlés dans leurs chaussures comme d'habitude, se sont enfargés avec chicane par dessus chicane», a-t-il analysé.

Manifestement, la performance parlementaire de l'ADQ n'a pas eu l'effet souhaité sur le résultat du vote dans Bonaventure où la formation de Gérard Deltell a récolté moins de 3% du suffrage.

Le député de Chauveau a refusé de commenter l'état des pourparlers en cours avec les émissaires de François Legault en prévision d'une fusion entre la CAQ et l'ADQ. Il a toutefois assuré que le mariage éventuel des deux groupes n'avait rien d'une manoeuvre électoraliste.

«On ne fait jamais d'action politique par pur électoralisme, a évoqué M. Deltell. Si on le faisait par pur électoralisme, on prendrait les voies rapides, la solution facile et ce n'est pas notre cas.»

De son côté, Amir Khadir a estimé que Québec solidaire avait pris du galon au cours des derniers mois avec ses questions soulevées sur le Plan Nord, les droits miniers, le registre des armes à feu et les négociations sur l'accord de partenariat économique Canada-Europe.

La percée électorale de Québec solidaire dans Bonaventure - presque neuf pour cent du vote - est de bon augure pour la formation de gauche, a-t-il souligné.

Graduellement, des idées comme la nationalisation totale ou partielle des secteurs pharmaceutiques ou miniers, par exemple, frayent leur chemin dans les esprits, selon lui.

«De manière constante, depuis qu'on existe, on progresse avec un pas, je dirais, assuré. Ce n'est pas une croissance en ballon et peut-être que c'est une bonne chose pour Québec solidaire. On sait que, quand les courants politiques connaissent des croissances trop rapides, la descente peut être aussi radicale et rapide», a-t-il dit.