Il ne reste plus que 2521 membres à l'ADQ. Ce sont ces dernières poches de militants qui se prononceront bientôt sur la dissolution de leur parti dans la CAQ.

Des proches de la CAQ ont avoué à La Presse être «étonnés» de ce faible nombre. Depuis quelques mois, des porte-paroles de l'ADQ ont indiqué à plusieurs reprises que le nombre de membres s'élevait à environ 13 000. Mais on a appris ce matin que ce nombre remonte à la course fratricide à la chefferie de 2009. À la suite du départ dans la controverse de Gilles Taillon et l'arrivée de Gérard Deltell, le nombre de membres n'a cessé de diminuer.

> Consultez le rapport du DGEQ

Le président de l'ADQ, Christian Lévesque, a dévoilé le véritable nombre aujourd'hui. Il présentait le processus de votation sur l'entente de principe entre l'ADQ et la CAQ - un processus supervisé par la firme Raymond Chabot Grant Thornton.

L'ADQ compte ainsi trois fois moins de membres que Québec solidaire (7504 membres), 25 fois moins que le PLQ (environ 60 000 membres) et 35 fois moins que le PQ (près de 90 000 membres).

Les chiffres du PQ et du PLQ sont des estimés, confirment leurs porte-parole respectifs. En vertu de la loi électorale, les partis doivent dévoiler leurs revenus d'adhésion, mais pas leur nombre de membres.

Ces «estimés» peuvent surprendre. Selon leurs rapports financiers, le PQ et le PLQ ont respectivement empoché 263 216$ et 221 825 $ en 2010. Si on les divise par contribution de 5$, on obtiendrait plutôt 52 643 membres pour le PQ, et 44 365 pour le PLQ.

Dans ces partis, les militants peuvent payer 15 $ en un versement pour une carte de membre valide pour trois années. Mais cette mesure n'est pas nouvelle. Il est donc difficile de comprendre  les estimés de membres fournis par ces partis.

Après six semaines d'existence, Option nationale, le nouveau parti de l'ex-péquiste Jean-Martin Aussant, compte 835 membres. La CAQ est née quelques jours seulement après Option nationale. Mais elle refuse de donner même un estimé de ses membres. Autre particularité: contrairement aux autres partis, la CAQ donne ses cartes de membre au lieu de les vendre (le PLQ, le PQ et QS chargent 5$ par année, et l'ADQ 10$). On n'a qu'à les demander sur son site internet. «C'est moins coûteux à gérer», explique son attaché de presse, Jean-François del Torchio.

Vote par la poste

L'ADQ réserve le vote à ses membres déjà en règle. On veut ainsi éviter que d'autres gens se joignent à l'ADQ dans le seul but d'infléchir le vote en fonction de leurs intérêts. Seule exception: les anciens militants dont la carte est échue depuis un maximum de 90 jours. Environ 200 récents membres pourraient profiter de cette mesure pour voter, estime M. Lévesque.

Du 2 au 6 janvier, ces membres recevront un bulletin de vote par la poste. Ils devront le retourner dans l'enveloppe-réponse affranchie avant le 17 janvier. Le résultat final sera dévoilé en conférence de presse le 22 janvier. Tout risque donc d'être réglé avant la reprise des travaux parlementaires, le 14 février. La nouvelle CAQ espère alors miser sur une aile parlementaire, dirigée par l'actuel chef del'ADQ, Gérard Deltell.

M. Lévesque promet que la question sera claire. «Pas comme au référendum (de 1995)», s'est-il amusé.

Pourquoi un vote par envoi postal plutôt qu'un vote dans un congrès extraordinaire? M. Lévesque assure qu'il ne cherche pas à empêcher les mouvements de dissidence. «Lors d'un congrès, on peut n'avoir que 300 personnes présentes», lance-t-il. Il explique que plusieurs militants risqueraient de ne pas pouvoir assister au congrès, par manque de temps ou d'argent.

«Les gens peuvent intervenir sur les réseaux sociaux», ajoute-t-il. Les 16 tables régionales sont aussi libres d'organiser des discussions. Il assure que l'ADQ «ne limite pas» lesdébats. Mais elle ne les encourage pas non plus. L'exécutif et l'aile parlementaire se sont déjà prononcés. «À cette étape, ce n'est plus à nous d'intervenir», justifie-t-il.