La Commission de la construction du Québec (CCQ), pièce maîtresse de la stratégie du gouvernement Charest pour réformer l'industrie au cours de la prochaine année, pourrait bientôt être paralysée par un lock-out, a appris La Presse.

Le conseil d'administration de l'organisme a donné le feu vert à la présidente Diane Lemieux le 22 novembre pour préparer un arrêt de travail forcé dans le cadre des négociations sur la convention collective de ses employés de bureau. Elle s'est toutefois engagée à consulter à nouveau le conseil avant de le déclencher.

Le conseil d'administration a autorisé la direction à recourir à des moyens de pression si elle le juge opportun pour arriver à un règlement négocié», confirme Louis-Pascal Cyr, adjoint de Mme Lemieux.

La convention des employés est échue depuis 2009. Ceux-ci avaient déjà en poche un mandat de grève. Les négociations achoppent sur le régime de retraite, en déficit constant. Les deux parties travaillent toujours pour trouver une solution.

La menace de conflit tombe à un bien mauvais moment pour la CCQ. La ministre du Travail lui demande de prendre en main le placement de la main-d'oeuvre sur les chantiers qui se faisait autrefois par les syndicats. Ses inspecteurs sont aussi nouvellement appelés à collaborer à l'Unité permanente anticorruption.

Les instruments de Mme Lemieux pour accomplir son mandat, ce sont les employés. Ce n'est pas le temps de mettre le feu quand on est en train de construire un pont!», s'inquiète Serge Lemieux, directeur du Syndicat des employés professionnels et de bureau, qui représente les travailleurs de la Commission.

Aucun des représentants d'organisations syndicales siégeant au conseil d'administration de la CCQ n'a voté contre les moyens de pression.

Le représentant de la Centrale des syndicats démocratiques, Patrick Daignault, a même voté pour. «Quand on siège au conseil, on devient les employeurs. Si le syndicat ne veut pas trouver de solution, Mme Lemieux peut avoir recours à un lock-out, mais elle doit revenir le faire approuver au conseil avant. On ne dira pas oui les yeux fermés», dit-il.

Les représentants de la FTQ-Construction et du Conseil provincial des métiers se sont abstenus de voter, mais ils assurent qu'il ne faut pas y voir un appui au lock-out. Ils disent ne plus participer à certaines décisions en raison de leurs divergences avec Québec. Les représentants d'associations patronales ont tous voté pour les moyens de pression.

Le représentant de la CSN, Aldo Miguel Paolinelli, n'était pas présent au vote en raison d'un empêchement de dernière minute. «Jamais je n'aurais approuvé ça, s'insurge-t-il. Je représente des valeurs. Et ces valeurs m'empêchent d'adhérer à un lock-out et à des moyens de pression pour mettre le syndicat à genoux», dit-il.