Le député libéral d'Argenteuil et ancien ministre du Travail David Whissell quitte la politique.

M. Whissell a annoncé sa démission vendredi dans sa circonscription, expliquant vouloir se rapprocher de sa jeune famille et reprendre ses activités d'entrepreneur.

«C'est une décision longuement mûrie avec ma famille. Je crois qu'il est temps de passer à une nouvelle étape dans ma vie. Je veux retrouver l'entrepreneur en moi», a souligné le nouveau retraité de la politique.

Âgé de 44 ans, M. Whissell a été élu la première fois dans une élection complémentaire en juin 1998. Il a été réélu sans interruption à quatre autres reprises, la dernière fois avec 49 pour cent des voix au scrutin général de 2008.

Nommé adjoint parlementaire du premier ministre Jean Charest en 2003, il a fait son entrée au cabinet en 2007 à titre de ministre du Travail.

En septembre 2009, M. Whissell a choisi de se retirer du conseil des ministres plutôt que d'abandonner ses actifs dans l'entreprise d'asphaltage ABC Rive-Nord dans laquelle sa famille est engagée depuis de nombreuses années.

Il s'était retrouvé au coeur de la controverse lorsque des médias ont fait état des contrats publics de plusieurs centaines de milliers de dollars obtenus sans appel d'offres par ABC Rive-Nord.

Même si sa participation dans l'entreprise avait été confiée à une fiducie sans droit de regard, il y avait là un problème «d'apparence trompeuse» sur le plan de l'éthique, a convenu le député démissionnaire en entrevue à La Presse Canadienne.

«J'ai été une proie facile pour les partis de l'opposition, j'ai été la cible d'insinuations, mais je n'ai jamais rien eu à me reprocher, j'ai exercé mes fonctions dignement et je tiens à dire que personne ne m'a accusé de quoi que ce  soit, personne n'a pu dire que le député d'Argenteuil avait posé un geste répréhensible», a-t-il dit.

À cet égard, il rappelle que le vérificateur général a «levé tout doute» en écartant l'hypothèse d'une intervention politique dans l'octroi des contrats à ABC Rive-Nord.

M. Whissell n'a pas été pris en défaut, mais l'épisode l'a laissé meurtri. Sa longue réflexion sur son avenir politique a commencé après son retrait du conseil des ministres en 2009.

«Ça n'a pas été facile, ni pour moi, ni pour ma famille, ni pour mes amis, ni pour mon personnel. La réflexion s'est amorcée à partir de là», a-t-il déclaré.

La montée fulgurante de la Coalition avenir Québec dans les sondages n'a joué aucun rôle dans sa décision de quitter la politique, a précisé M. Whissell, dont la circonscription située dans la couronne nord va susciter bien des convoitises à la CAQ.

«Ça n'a rien à voir. J'ai toute ma confiance envers Jean Charest et dans mon esprit, il sera réélu premier ministre parce qu'il a encore beaucoup à donner au Québec. Moi, je reste un militant libéral», a-t-il fait valoir.

Dans un communiqué, le premier ministre Jean Charest a tenu à rendre hommage à son ancien député, qu'il a décrit comme un homme «dévoué qui a servi les Québécois pendant 14 ans avec exemplarité».

Au cours de sa carrière ministérielle, M. Whissell a notamment piloté des réformes de la loi sur l'équité salariale et de la loi sur la santé et la sécurité des travailleurs.

«Tous les projets de loi qu'il a présentés à l'Assemblée nationale ont été adoptés à l'unanimité, ce qui témoigne de sa capacité de rallier les parlementaires dans les dossiers qu'il défendait», a souligné le premier ministre.

Avec ce nouveau départ, l'Assemblée nationale compte maintenant 64 députés libéraux, 45 péquistes, quatre adéquistes, un député de Québec solidaire, un député d'Option nationale et neuf députés indépendants.

Le siège d'Argenteuil devra être comblé d'ici six mois dans le cadre d'une élection complémentaire ou générale.