Clé de voûte de l'opération mise en branle par le gouvernement Charest pour lutter contre la corruption, le commissaire Robert Lafrenière est atteint du cancer. Depuis la fin de l'été, il reçoit des traitements de chimiothérapie.

Il a subi cet été une intervention chirurgicale pour l'ablation d'une tumeur au côlon. Depuis, toutes les deux semaines, le lundi, le patron de l'Unité permanente anticorruption se rend à l'hôpital pour un traitement de chimiothérapie «préventive», a expliqué hier la porte-parole de l'UPAC, Nathalie Pitre.

«M. Lafrenière est tout à fait conscient de la mission qui lui est confiée. S'il avait constaté que cette situation pouvait nuire à son travail, il aurait demandé un intérim, ce qui n'est pas le cas. Il fait encore bien au-delà de 50 heures par semaine et est en lien constant avec l'UPAC grâce aux moyens de communication d'aujourd'hui. Bref, il est bien en selle», a dit Mme Pitre.

La nouvelle de la maladie du patron circule plus largement au sein de l'escouade depuis quelques semaines.

Bien en selle

M. Lafrenière, un policier de carrière, a été nommé en mars 2011 grand responsable de toutes les opérations de lutte contre la corruption. Son personnel de 189 personnes comprend des enquêteurs de la SQ, de l'escouade Marteau, de l'Unité anticollusion du ministère des Transports, de l'Agence du revenu du Québec, de la Régie du bâtiment et de la Commission de la construction. Il coordonne toutes ces activités d'enquête et voit les dossiers avant que les enquêteurs transmettent leurs observations aux procureurs du gouvernement.

Au début, M. Lafrenière, 58 ans, s'est interrogé sur la pertinence de poursuivre son important mandat, confient des collaborateurs. «Son médecin était même surpris; il croyait qu'il avait refusé la chimio quand il l'a vu apparaître à la télévision», dit-on. «S'il avait senti que cela porterait atteinte à sa capacité d'exécuter son mandat, il serait sorti de lui-même», assure-t-on.

M. Lafrenière a quatre traitements «préventifs» à recevoir, et ses médecins «sont plus que satisfaits» de son état, souligne-t-on. Les jours de traitement, il reste en contact avec le bureau par téléphone et par l'internet.

Mis à part quelques entrevues à la radio, M. Lafrenière a fait deux sorties publiques cet automne. Avec aplomb, il a d'abord répliqué à Jacques Duchesneau, qui avait publiquement décrié la présence d'un policier à la tête de l'UPAC, puis il avait contredit d'anciens policiers proches de M. Duchesneau qui avaient critiqué le travail de son unité.