François Legault ne fera jamais la souveraineté du Québec, même au terme du moratoire de 10 ans qu'il s'est imposé pour la tenue d'un référendum, selon sa plus récente recrue, le député de La Prairie François Rebello.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, jeudi, l'ex-député péquiste, qui se dit toujours souverainiste, soutient qu'il ira militer dans un autre parti que la Coalition avenir Québec (CAQ) s'il juge un jour que le temps est venu de faire du Québec un pays.

«Ce sera à l'extérieur, si jamais un jour je dois reproposer aux Québécois de tenir un référendum, ce ne sera pas avec la coalition», prévoit M. Rebello.

Même si trois des neuf députés de la coalition, de même que son chef, sont issus du Parti québécois, cette nouvelle formation ne proposera jamais de faire la souveraineté, selon lui.

«Je pense que ce ne sera pas la coalition qui va la faire», la souveraineté, dit-il, car elle «n'a pas cet objectif-là».

Chose certaine, «Legault, lui, ne la fera pas, ce n'est pas son objectif de la faire», assure-t-il, voulant éliminer toute ambiguïté.

En début de semaine, il avait créé un certain émoi dans les cercles fédéralistes en affirmant que son nouveau chef lui avait dit: «La porte de la souveraineté reste ouverte».

«Que la souveraineté du Québec se fera un jour, je le souhaite toujours», dit-il, tout en se sentant parfaitement à l'aise avec la position de la CAQ, car «entre le statu quo et le pays, il y a plein de possibilités».

Avant même de fonder son parti, l'ex-ministre péquiste, à l'époque ardent défenseur de la souveraineté, François Legault avait choisi de mettre la question nationale entre parenthèses, s'engageant à ne pas tenir de référendum pendant une décennie, s'il prenait le pouvoir.

M. Rebello, militant de longue date du Parti québécois et député depuis 2008, est l'objet d'attaques virulentes de souverainistes depuis qu'il a annoncé, mardi, qu'il quittait le caucus péquiste pour joindre les rangs de la CAQ de François Legault, qui cherche à attirer autant les fédéralistes que les souverainistes.

Nullement démonté par ceux qui le traitent d'opportuniste et l'accusent de manquer de loyauté, le député estime que sa crédibilité n'est pas entachée par son changement de parti ou sa façon de procéder, la seule indiquée dans les circonstances, à ses yeux.

Jusqu'à tout récemment, M. Rebello avait toujours et à maintes reprises réaffirmé sa loyauté envers sa chef, Pauline Marois, et soutenu qu'il n'était pas intéressé à faire le saut vers la coalition de M. Legault.

«C'était hors de question pour moi de laisser entendre que j'avais un doute, parce que si j'avais laissé entendre ce doute-là ma chef m'aurait demandé de démissionner», selon lui.

«On ne peut pas être à moitié au PQ. On l'est ou on ne l'est pas», dit encore le député transfuge, prétendant avoir agi «de manière à ne pas déstabiliser le Parti québécois».

À ses détracteurs qui lui reprochent d'avoir renoncé à se battre pour la souveraineté du Québec, il réplique que ce projet n'est pas une «religion».

«Ces gens-là ne sont pas nécessairement très crédibles pour me dire quoi faire pour l'avenir du Québec», ajoute-t-il, faisant référence notamment à Christian Gagnon (ex-président du PQ de Montréal-Centre) et Jocelyn Desjardins, longtemps un compagnon d'armes au PQ devenu porte-parole du Nouveau mouvement pour le Québec (NMQ), qui ont tenu à son égard des propos très durs dans des lettres publiées dans les quotidiens.

À ce dernier, il reproche de n'avoir jamais fait d'organisation politique: «des fins de semaine sacrifiées au PQ, il n'en a pas pris beaucoup dans sa vie» et «s'il a vendu 10 cartes (de membres) dans sa vie, c'est beau».

Sur un ton ironique, il qualifie M. Desjardins de «grand révolutionnaire» qui n'a jamais eu à «ramasser des 5$ des militants».

Il dit vouloir désormais se concentrer sur l'essentiel: coller de près aux préoccupations des gens, et «pas arriver dans leur cuisine comme un curé et leur faire chanter le catéchisme de la souveraineté».