Le soleil du Mexique a produit son effet sur la chef péquiste Pauline Marois, qui s'engage à ramener la souveraineté à l'avant-plan du discours politique.

Ses vacances dans le sud, ces dernières semaines, ont fourni à Mme Marois le recul nécessaire pour réfléchir à l'orientation prise par sa formation politique et elle en est venue à la conclusion que le Parti Québécois devait davantage faire la promotion de la souveraineté du Québec, a-t-elle expliqué vendredi, en entrevue à La Presse Canadienne.

«Je veux que sur le fond des choses on puisse mettre de plus en plus en lumière les raisons fondamentales, qui sont toujours aussi importantes en 2012 qu'elles ne l'étaient il y a 15 ans ou 20 ans, de faire aujourd'hui la souveraineté», dit la chef péquiste, soucieuse de ramener son parti «à l'essentiel».

Dans une approche pédagogique, un peu à l'image des États généraux sur la souveraineté présentement en préparation, elle dit qu'il faut s'attarder au «pourquoi de la souveraineté», plutôt qu'au «comment».

«Ma réflexion m'amène à être plus ferme et plus claire sur notre projet de souveraineté, sur notre projet de pays», commente la chef péquiste.

Mme Marois demeure vague, cependant, sur les moyens qui seront déployés pour faire davantage la promotion de la souveraineté auprès de l'électorat.

Ce coup de barre arrivera à point nommé, alors que plusieurs rendez-vous sont inscrits à son agenda au cours des prochaines semaines. Elle devra d'abord rencontrer son caucus de députés, à Joliette, les 25 et 26 janvier, en prévision de la prochaine session parlementaire, puis tout de suite après retrouver les présidents d'association et les militants réunis en conseil national à Montréal, le week-end suivant.

Il est de bon ton, pour un chef péquiste, de ranimer la flamme souverainiste avant de tels rassemblements.

Le changement de cap survient aussi dans le contexte où Mme Marois a perdu sept de ses députés depuis juin dernier, dont trois au profit de la coalition de François Legault, et que son parti - comme l'option souverainiste - affiche de bien piètres performances dans les sondages depuis des mois.

La chef péquiste choisit donc de miser sur le projet de pays pour regagner la confiance des Québécois à temps pour le prochain rendez-vous électoral.

Elle cherche ainsi à se démarquer de son ancien collègue, François Legault, qui la devance, et de loin, dans les sondages, et à qui elle reproche d'avoir «littéralement laissé tomber la souveraineté» et de manquer de vision.

En fait, la coalition de M. Legault, qui cherche à attirer les souverainistes et les fédéralistes, prône un moratoire d'une décennie sur un référendum.

Mme Marois assure qu'elle ne veut pas pour autant modifier son projet de gouvernance souverainiste ou revoir sa stratégie, qui exclut de fixer une date de référendum si elle prend le pouvoir.

«Je ne veux pas rembarquer dans les questions de stratégie et même de tactique», prévient-elle, à l'intention de ceux, au sein de ses troupes, qui piaffent d'impatience de la voir fixer une échéance référendaire.

Alors que le premier ministre Jean Charest centre de plus en plus son message sur la situation économique, Mme Marois choisira plutôt, au cours des prochains mois, de parler de souveraineté, de langue et d'identité.

«On est dans une situation lamentable au niveau linguistique et, qu'on le veuille ou non, on se heurtera toujours aux contraintes du fédéralisme et de la vision canadienne», croit Mme Marois, persuadée que le Canada «nous tire vers le bas», notamment en matière environnementale ou d'orientation à donner au Code criminel.