Même si le gouvernement Charest exclut pour le moment la tenue d'élections hâtives, la machine électorale des libéraux vient de se mettre en branle, a appris La Presse.

L'organisateur en chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Karl Blackburn, a ordonné à ses 125 associations de circonscription de nommer d'ici une semaine tous les responsables de la gestion d'un éventuel scrutin: coordonnateurs en chef et adjoints, gestionnaires du pointage, des communications et de l'agenda, notamment.

Les députés ont aussi le mot d'ordre d'accélérer le rythme des assemblées d'investiture et de trouver des locaux électoraux, indiquent nos sources.

«Nous allons bientôt lancer des initiatives d'information et de formation afin d'être prêts pour une première fenêtre d'opportunité de déclenchement d'une élection générale», a écrit Yves Malette, organisateur en chef du PLQ dans l'ouest du Québec, dans un courriel du 11 janvier 2012, que La Presse a obtenu.

M. Malette donne à ses organisateurs jusqu'au 19 janvier (dans cinq jours) pour mettre sur pied tous les comités électoraux de l'ouest du Québec.

Malgré tout, la décision de déclencher ou non des élections hâtives n'a toujours pas été prise, indiquent nos sources.

Élus en décembre 2008, les libéraux ont jusqu'en décembre 2013 pour se soumettre de nouveau au verdict des électeurs. Le premier ministre peut tout de même déclencher des élections en tout temps, au moment de son choix.

Officiellement, le gouvernement Charest continue d'affirmer qu'il n'y aura pas d'élections cet hiver ni au printemps. Karl Blackburn a quand même demandé à ses troupes de se préparer à un scrutin printanier pour laisser «toute la marge de manoeuvre nécessaire au premier ministre», selon nos sources.

«On ne sait pas s'il y aura des élections, mais on a le devoir de s'y préparer», résume un militant libéral de longue date.

«Il n'y a pas de branle-bas de combat, mais on doit se préparer comme si les élections avaient lieu dans deux mois ou dans deux ans», confirme Michel Rochette, directeur des communications du PLQ. Selon lui, la formation des responsables électoraux a commencé dès le mois d'octobre dernier, lors du congrès qui a réuni 2500 militants libéraux à Québec.

Pas de fièvre

Les ministres et députés libéraux sont loin d'avoir la fièvre électorale. Des membres du gouvernement Charest, joints hier par La Presse, ont dit qu'ils sont prêts à partir en campagne électorale, mais qu'ils n'ont reçu aucun signal du premier ministre en ce sens.

«L'électorat est tellement changeant qu'il est difficile de prédire ce qui se passera la semaine prochaine», dit un ministre.

Les libéraux ont senti le mécontentement de la population lorsqu'ils sont rentrés dans leurs circonscriptions à la mi-décembre. Un sondage CROP-La Presse publié à ce moment donnait une centaine de sièges (sur 125) à la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault.

Les stratèges libéraux se demandent donc s'ils doivent déclencher des élections dès le printemps, avant que la CAQ soit solidement organisée. Des membres du gouvernement craignent aussi que les travaux de la commission Charbonneau sur l'industrie de la construction, l'automne prochain, ne ternissent davantage l'image des libéraux.

«Je nous verrais mal partir en campagne électorale pendant ou après la commission Charbonneau», dit un militant libéral.