La chef péquiste Pauline Marois, qui rejette tout scénario d'alliance avec d'autres formations souverainistes comme Québec solidaire, ne fait pas l'unanimité dans le comité de direction national de son parti. Au moins deux de ses membres sont pour cette idée: le président de la commission politique, Alexandre Thériault-Marois, et la présidente du Conseil national des jeunes, Christine Normandin.

Ils partagent ainsi l'avis qu'a exprimé le député Bernard Drainville dans une entrevue publiée samedi dans Le Devoir. Par la voix de son attachée de presse, Pauline Marois a réagi en se disant opposée aux alliances avec d'autres partis.

Mais Alexandre Thériault-Marois estime que le PQ «est à un point où tout doit être sur la table». «Je pense qu'il y a une chose assez claire: il y aura aux élections deux partis fédéralistes de droite, le Parti libéral et la Coalition avenir Québec. À partir de là, si on veut gagner, il faut que les forces souverainistes sociales-démocrates soient le plus unies possible», a-t-il affirmé à La Presse, hier.

«Je ne suis pas tout à fait à l'aise avec énormément de positions de Québec solidaire, mais il faut se concentrer sur les conséquences extrêmement néfastes que pourraient avoir les prochaines élections dans l'état actuel des choses», a-t-il ajouté.

Il a relativisé le refus de Pauline Marois: «C'est un peu comme Gary Bettman qui dit qu'il n'y a pas de transfert d'équipe de la LNH jusqu'au jour où il y en a un.» Au cours de la course à la direction du PQ en 2005, Mme Marois s'était dite pour une alliance avec d'autres partis afin d'éviter la division du vote souverainiste.

Mais une alliance, c'est plus facile à dire qu'à faire, selon M. Thériault-Marois. Il faut voir si Québec solidaire l'accepterait et à quelles conditions. L'automne dernier, le député Amir Khadir s'était dit à tout le moins favorable à des discussions avec le PQ. Dans le cadre d'une alliance électorale, le PQ s'abstiendrait de présenter un candidat dans certaines circonscriptions pour laisser le champ libre à Québec solidaire, et vice-versa.

Des associations de circonscription ont adopté des propositions pour débattre d'une alliance éventuelle avec d'autres partis souverainistes au conseil national extraordinaire des 27, 28 et 29 janvier. Le PQ doit en étudier la recevabilité.

De son côté, Christine Normandin est également d'accord pour que le PQ entame des discussions avec Québec solidaire, mais souligne qu'il s'agit de son opinion personnelle. Le Conseil national des jeunes n'a pas encore pris position. Il n'est toutefois «pas impossible» que l'aile jeunesse adopte une proposition en ce sens, a-t-elle ajouté.

«Je sais que des militants ne veulent rien savoir [d'une alliance], mais il y en a qui sont ouverts à ça, notamment chez les jeunes. J'ai moi-même des amis à Québec solidaire, et même eux, ça les désole de voir qu'il y a des problèmes au Parti québécois, parce que ça nuit à la souveraineté de façon générale. Il y a lieu d'avoir des discussions, au moins d'essayer.»

Elle a fait valoir que nombre de militants sont «tannés de voir qu'on se tape dessus et qu'on casse du sucre sur le dos d'autres souverainistes juste parce qu'ils ne sont pas dans la même formation politique».

Selon Christine Normandin, le conseil national est une «belle occasion» de «vider la question, parce qu'on entend beaucoup parler d'alliance, mais on ne sait pas ce qu'en pensent les membres».

Chez les péquistes, en plus de Bernard Drainville, les députés Stéphane Bergeron et Sylvain Pagé se sont déjà prononcés pour des alliances dans les derniers mois.