L'ADQ est censée être maintenant dissoute dans la CAQ. Mais techniquement, elle existe encore. Le parti n'a pas envoyé d'avis au Directeur général des élections (DGE) pour confirmer sa fusion.

Les quatre ex-adéquistes profitent aussi encore de leurs privilèges parlementaires de membres d'un parti reconnu à l'Assemblée nationale - ce qui inclut près de 500 000$ de budget et l'indemnité salariale de chef de parti et de leader en chambre de près de 30 000$ pour M. Deltell et Mme Roy.

«On va envoyer la lettre au DGE d'ici la rentrée parlementaire le 14 février, c'est certain. Il faut comprendre que le vote des membres sur l'alliance a été fait il y a seulement une semaine», a expliqué Sébastien Lépine, attaché de presse de M. Deltell.

La CAQ demandera ensuite d'être reconnue comme parti à l'Assemblée nationale. Hier, François Legault a demandé ce statut pour obtenir plus de temps de parole et d'argent.

«J'ai devant moi quelqu'un qui dit être de la CAQ mais qui dans les faits, est encore l'ADQ», a lancé Stéphane Bédard ce matin au caucus de pré-session du PQ à Joliette.

Selon le règlement de l'Assemblée, un parti doit compter 12 députés ou avoir récolté 20% du vote  pour être reconnu officiellement. La CAQ ne compte que neuf députés.

Une exception peut toutefois être accordée si le PQ et le gouvernement libéral y consentent, comme ce fut le cas en mars 2009. L'ADQ avait été reconnue malgré ses sept députés et 16,37% d'appuis aux élections.

M. Bédard se borne à dire qu'il traitera la CAQ «de façon juste». Mais même s'il dit officiellement ne pas vouloir négocier sur la place publique, il a laissé entendre que les neuf caquistes étaient des députés indépendants. «Le président a toute la latitude pour s'assurer que chaque député indépendant ait son droit de parole», a-t-il affirmé.

«Dans le règlement, on n'avait pas prévu une situation avec neuf vire-capot», a-t-il ajouté.

Le précédent de l'ADQ ne peut pas être invoqué, selon lui. Les deux cas seraient très différents. «En 2009, l'ADQ avait reçu un appui populaire réel. On sortait d'une élection et la population s'était prononcée. Moi, je m'étais assurée que la démocratie et le vote des électeurs soient représentés à l'Assemblée nationale.»

Défi à François Legault

M. Bédard accuse en outre François Legault d'être incohérent. Le chef caquiste demande plus de temps de parole pour son parti. Mais il refuse de se présenter aux élections partielles dans Argenteuil, circonscription orpheline depuis la démission du libéral David Whissell. La date des élections n'a pas encore été annoncée. On sait toutefois qu'elles doivent s'y dérouler dans moins de cinq mois.

«J'invite M. Legault à être cohérent avec lui-même. S'il veut un temps de parole, j'imagine que c'est pour l'exercer. Il a une occasion en or. Il y a une élection qui s'en vient dans Argenteuil.»