Durant la prochaine campagne électorale, Pauline Marois entend démontrer les défauts du fédéralisme sous le gouvernement Harper. Mais elle ne présume pas que ce gouvernement refusera de céder les pouvoirs que demandera le Québec dans sa gouvernance souverainiste. «Je ne présume pas qu'il nous dira non. Mais s'il nous dit non, ça fera la démonstration qu'il est très difficile de faire fonctionner le fédéralisme», a-t-elle affirmé jeudi à Joliette, où sont réunis les députés du PQ en prévision de la prochaine session parlementaire. Le PQ entend notamment demander les pleins pouvoirs en matière de langue, de justice et d'assurance emploi.

À Joliette, les péquistes ont notamment préparé leur stratégie électorale. Ils veulent se positionner comme le seul parti capable de s'opposer à M. Harper pour défendre «les intérêts et les valeurs du Québec». Cette stratégie ressemble à celle qu'avait adoptée le Bloc au printemps dernier, avant sa défaite historique. «Mais la situation actuelle est pire qu'elle ne l'a jamais été. Nous avons devant nous le vrai gouvernement Harper (majoritaire)», a-t-elle expliqué.

Mercredi soir à Saint-Jean-de-Matha, où le député André Villeneuve a été confirmé comme candidat dans Berthier aux prochaines élections, Mme Marois a plus parlé de M. Harper que de Jean Charest ou de François Legault. Elle a dénoncé le projet de loi C-10, l'abolition du registre des armes à feu et les contrats de 35 milliards qui ont complètement échappé aux chantiers maritimes Davie, à Lévis. «Eux, c'est les prisons, pas l'éducation; les escadrilles, pas les familles», a-t-elle affirmé.

Le sujet des alliances avec Québec solidaire semble avoir été relégué aux oubliettes. Il a été débattu pendant seulement 10 minutes jeudi, a raconté le député Sylvain Simard. «C'est dans les mains de Mme Marois», ont affirmé plusieurs députés. La chef, elle, n'a pas voulu commenter le dossier. La veille, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a affirmé que le PQ ne ferait jamais la souveraineté, ce qui a courroucé plusieurs péquistes, dont Denis Trottier. «Quand est-ce qu'on les entend parler de souveraineté, les solidaires? Dire n'importe quoi, ce n'est pas crédible!»

Sourires

Le caucus de Joliette a été celui «de l'unité», s'est réjouie la chef. Les anciens mutins sont rentrés dans le rang. «Nous n'avons plus de temps à perdre, nous devons nous unir», a-t-elle lancé. «On se serre les coudes et on regarde en avant», a renchéri Bernard Drainville.

Le Conseil national, qui commence ce soir à Montréal, s'annonce aussi beaucoup moins houleux que prévu. Le PQ dit pouvoir maintenant se concentrer sur les «vraies affaires», comme la santé, les ressources naturelles, l'éducation et l'économie. Ce week-end, c'est toutefois de réformes démocratiques que débattra le PQ, en se basant notamment sur les propositions faites par M. Drainville il y a quelques mois.

Mme Marois doit présenter ce matin à Montréal une nouvelle candidature. C'est la troisième en une semaine, après celles de l'environnementaliste Daniel Breton et du Dr Réjean Hébert.