À l'ouverture du conseil national du Parti québécois vendredi soir, la chef Pauline Marois a lancé un appel à l'unité de ses troupes après les crises internes des derniers mois. Les péquistes ont «la grande responsabilité» de présenter un front uni pour battre le «tandem Charest-Legault» et se dresser devant «le véritable adversaire du Québec», le gouvernement Harper, a-t-elle soutenu.

Devant plus de 400 délégués, Pauline Marois est revenue d'entrée de jeu sur la tempête qui a secoué son parti et menacé son leadership. «Nous avons connu des difficultés dans les derniers mois. Certains de nos adversaires ont même rêvé de nous voir affaiblis pour de bon, mais c'était mal nous connaître», a-t-elle lancé.

Elle a fait valoir à ses militants que ce qui les «unit par-dessus tout» est la souveraineté. «Comme beaucoup d'entre nous, j'y travaille depuis longtemps. Comme vous, je ne me décourage pas. Comme vous, je ne lâche pas», a-t-elle souligné. «Le chemin vers le pays du Québec est semé d'embûches, mais nous serons capables de surmonter tous les obstacles, de tenir bon dans la tempête. Pour tenir bon, pour garder le cap, vous pouvez compter sur moi», a-t-elle ajouté.

Dans son discours, Pauline Marois a voulu mettre libéraux et caquistes dans le même panier, allant jusqu'à parler du «tandem Charest-Legault». Les libéraux, «empêtrés dans les scandales de corruption», et les caquistes, «emmêlés dans leurs contradictions», sont les «apôtres du statu quo», à ses yeux. «Les caquistes font de gros efforts pour se draper dans le voile du changement, mais quand on soulève le voile, on se rend compte que la seule ambition de la CAQ est de prendre le relais des libéraux», a-t-elle dit.

«Sur les droits de scolarité, les caquistes suivent les libéraux. Sur les commissions scolaires, les libéraux suivent les caquistes. Sur l'avenir du Québec, les caquistes sont des libéraux», a-t-elle ajouté.

Selon elle, François Legault «met le Québec à la merci des conservateurs d'Ottawa». «Sa politique, c'est un chèque en blanc à Stephen Harper», a-t-elle dit.

La chef péquiste a d'ailleurs passé une bonne partie de son discours à pourfendre le gouvernement conservateur, «le plus dévastateur pour le Québec depuis celui de Trudeau».

«Nous sommes les seuls capables de battre les libéraux. Les seuls capables d'éviter que le Québec soit plongé dans une position de faiblesse par la CAQ. En ce sens, nous avons une grande responsabilité, celle de nous unir pour réussir», a-t-elle souligné.

Le conseil national s'annonce beaucoup moins houleux que prévu. Aucune proposition remettant en question l'autorité de Mme Marois n'a été déposée jusqu'à présent.

Le désistement de Gilles Duceppe a refroidi les contestataires. Vendredi soir, Pierre Dubuc, du SPQ libre, qui avait appuyé publiquement l'ex-chef bloquiste pour diriger le PQ, a affirmé que «la page [était] tournée». «On va faire avec Mme Marois», a-t-il ajouté. Au moment où qu'il répondait aux questions des journalistes, M. Dubuc s'est fait critiqué durement par le président de l'association de Gouin, Jacques Thériault. «J'en ai marre que vous miniez le leadership de Mme Marois», a-t-il lancé, ajoutant que le SPQ libre est un groupuscule.

Le député Bernard Drainville s'est dit «confiant», souhaitant que les militants «se rallient sur l'essentiel» au cours de ce conseil national.

En fin de semaine, les péquistes débattront d'une douzaine de propositions pour «changer la politique». L'une prévoit abaisser de 18 à 16 ans l'âge légal pour voter. Mais huit associations régionales demandent de rejeter l'idée, selon le cahier de propositions soumis aux délégués vendredi. Une autre proposition vise à modifier la Loi sur la consultation populaire pour y ajouter la possibilité de déclencher des «référendums nationaux d'initiative populaire». Deux associations régionales veulent son retrait.

Le député Bernard Drainville avait relancé cette idée en août, voulant laisser à la population le soin de déterminer elle-même le moment où un référendum sur la souveraineté devrait avoir lieu. Un référendum serait déclenché si 15% des électeurs (876 000 personnes) signaient une pétition en ce sens. Cette idée a toujours été rejetée par le PQ.

La stratégie référendaire de Pauline Marois, adoptée par le congrès en avril 2011, prévoit qu'un référendum aurait lieu «au moment jugé approprié par le gouvernement». En conférence de presse vendredi, la chef n'a pas manifesté d'enthousiasme relativement au référendum d'initiative populaire. «Le débat a été souhaité par les militants et je vais respecter leur décision», a-t-elle affirmé, ajoutant que si les militants votaient pour ce type de référendum, il faudrait ensuite «bien baliser les règles qui devraient s'appliquer».