Rejetée par le Parti québécois et son chef Pauline Marois en 2008, l'idée de permettre les référendums d'initiative populaire, sur la souveraineté entre autres, a fait son chemin au Conseil national samedi. Le député Bernard Drainville a relancé cette idée en août et en a fait la promotion depuis.

Il a reconnu samedi que la bataille n'est pas encore gagnée. Un vote final aura lieu dimanche, en plénière.

Des propositions visant à abaisser de 18 à 16 ans l'âge légal pour voter et à créer une chambre des régions - sorte de sénat élu - ont aussi franchi une étape en atelier samedi.

Les péquistes débattent cette fin de semaine de propositions pour «changer la politique». L'une d'elle vise à modifier la Loi sur la consultation populaire pour y ajouter la possibilité de déclencher des «référendums nationaux d'initiative populaire». Un référendum sur la souveraineté serait déclenché si une part suffisante d'électeurs (15% par exemple, environ 850 000 personnes) signaient une pétition en ce sens. Bernard Drainville a proposé cette mesure en août afin de «donner plus de pouvoir aux citoyens».

Lors d'un atelier samedi après-midi, M. Drainville, l'ancien député bloquiste Paul Crête et l'ex-chef syndical Marc Laviolette, du SPQ Libre, ont mis tout leur poids pour que la proposition chemine. Deux associations régionales ont demandé le retrait de la proposition. Mais les militants ont rejeté cette option à la majorité. Puis l'association de la Montérégie voulait qu'un gouvernement péquiste se contente «d'étudier la possibilité de modifier la loi» pour permettre les référendums d'initiative populaire. Le député Nicolas Marceau avait plaidé en faveur de cette proposition empreinte de «sagesse». Mais encore une fois, les délégués ont battu l'amendement. À l'unanimité, ils ont ensuite adopté l'idée des référendums d'initiative populaire. Mais le débat n'est pas terminé. Le vote final aura lieu en plénière dimanche.

Le PQ a toujours écarté l'idée des référendums d'initiative populaire dans le passé. Celle-ci avait déjà été proposée - en vain - par l'aile jeunesse du PQ en 2002, puis de nouveau en 2005 par quatre jeunes députés: Jonathan Valois, Alexandre Bourdeau, Stéphan Tremblay et Nicolas Girard (le seul toujours en poste).

En 2005, Pauline Marois, qui aspirait alors à succéder à Bernard Landry, avait affirmé que le référendum d'initiative populaire était «une proposition très intéressante». Mais une fois devenue chef, elle a rejeté cette option. Sa victoire avait été sans équivoque au conseil national du PQ de mars 2008. Seulement trois délégués - dont celui qui avait présenté la proposition, l'ancien chef syndical Marc Laviolette, du SPQ Libre - avaient voté pour ce type de référendum.

Lorsque le député Drainville avait relancé l'idée en août, il a pris le contrepied de la stratégie référendaire de sa chef. Cette stratégie prévoit qu'un référendum aurait lieu «au moment jugé approprié par le gouvernement». Notons que les référendums d'initiative populaire n'empêchent pas un gouvernement de déclencher lui-même un référendum.

En conférence de presse vendredi, Pauline Marois n'a pas montré d'enthousiasme au sujet du référendum d'initiative populaire. «Le débat a été souhaité par les militants, et je vais respecter leur décision», a-t-elle affirmé. Elle prévenait que si les militants votaient en faveur de ce type de référendum, il faudrait ensuite «bien baliser les règles qui devraient s'appliquer».

Une proposition retenue par les délégués hier prévoit qu' «un gouvernement péquiste s'assurera que l'Assemblée nationale, en collaboration avec le DGE, consultera la population sur les modalités de la mise en place des référendums d'initiative populaire».

Toujours cet après-midi, les militants ont voté en faveur de donner le droit de vote dès l'âge de 16 ans. La création d'une chambre des régions, formée de représentants élus, a également obtenu l'appui des délégués en atelier. C'est aussi le cas d'une proposition « anti-transfuge ». Le PQ adopterait une loi interdisant le passage d'une affiliation à un parti vers un autre pour tous les élus de l'Assemblée nationale au cours d'une législature, selon le libellé de la proposition. Un député pourrait toutefois siéger à titre d'indépendant. Dans tous les cas, un vote final doit avoir lieu dimanche.

Pas de proposition contre Marois

Pauline Marois peut souffler: aucune proposition d'urgence contestant son leadership n'a été déposée au Conseil national.

Les délégués avaient jusqu'à vendredi 21h pour présenter une proposition d'urgence. Treize propositions ont été soumises et feront l'objet de débats dimanche. Aucune d'entre elles ne demande un vote de confiance ou ne remet en question le leadership de Mme Marois.

Notons qu'il était plutôt clair, dès l'ouverture du Conseil national, que le climat n'était pas à la contestation de la chef. Le désistement de Gilles Duceppe a refroidi les contestataires.