Le gouvernement Charest met en garde Ottawa contre toute décision risquant d'appauvrir les personnes âgées et les coffres de l'État québécois.

La ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet, a exprimé son inquiétude devant l'intention présumée du gouvernement fédéral de hausser de 65 à 67 ans l'âge d'admissibilité aux prestations de la Sécurité de la vieillesse.

Une telle décision aurait un impact considérable sur les finances du Québec qui se verrait contraint de verser pendant deux ans supplémentaires des prestations d'aide sociale aux personnes âgées les plus pauvres.

Avant d'enclencher une réforme aussi majeure et compte tenu des implications financières en cause, Ottawa devra consulter les provinces, a fait valoir Mme Boulet, en point de presse, avant la réunion du conseil des ministres à Québec.

Et surtout, a-t-elle tenu à ajouter, «il ne faudrait pas que la décision du gouvernement fédéral vienne fragiliser la situation financière des personnes âgées».

Le gouvernement Charest n'a pas encore évalué le coût que pourrait occasionner la réforme fédérale pour les contribuables québécois. Il ne fait cependant aucun doute que la facture atteindrait «plusieurs dizaines de millions» de dollars, a concédé Mme Boulet.

À l'instar de la ministre Boulet, la chef péquiste Pauline Marois a dit redouter elle aussi l'impact budgétaire des changements envisagés par le gouvernement fédéral.

Au cours d'une rencontre de presse à Montréal, la leader du Parti québécois a fait part de ses objections «sur le fond et sur la forme».

Elle a entre autres reproché au premier ministre Stephen Harper de mettre les provinces devant un fait accompli.

«Vous savez très bien que s'il prend une telle décision, cela aura un impact sur les budgets provinciaux, a-t-elle dit. Il l'a fait sans consultation, sans discussion. (...) Est-ce qu'on peut, M. Harper, faire des débats tout en respectant l'intelligence des gens?»

L'an dernier, le gouvernement fédéral a versé 36 milliards $ en prestations de la Sécurité de la vieillesse. À cause du vieillissement de la population, la note risque de s'élever à 108 milliards $ en 2030.

Face à cette explosion appréhendée des coûts, le premier ministre Harper a annoncé la semaine dernière lors de son passage au Forum économique mondial, en Suisse, son intention de modifier le régime canadien de retraite.

Aux Communes mercredi, le Bloc québécois a accusé le gouvernement conservateur de renier son engagement électoral de ne pas sabrer dans les transferts aux particuliers.

Pour le député Louis Plamondon, Ottawa cherche à assainir ses finances sur le dos des provinces.

«En haussant l'âge de la pension de 65 à 67 ans, ils forceront le Québec à suppléer au manque de revenu des personnes démunies. (...) Pourquoi les conservateurs tiennent-ils tant à imiter les libéraux et à faire payer leur lutte au déficit par le Québec et les provinces?», a-t-il demandé.

Plutôt que de dissiper le brouillard sur les intentions du gouvernement, la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a préféré s'en tenir à des généralités.

«Ce que nous allons faire, c'est protéger le système de Sécurité de la vieillesse pour nos aînés, aujourd'hui et pour les décennies à venir. Nous allons les protéger. C'est notre obligation de protéger la sécurité de nos aînés», a-t-elle dit.