En cette période d'effervescence préélectorale et d'hostilités entre la Coalition avenir Québec (CAQ) et les centrales syndicales, Jean Charest a en poche une bonne nouvelle pour les syndiqués du secteur public.

La croissance économique a été suffisante pour augmenter les salaires de 140 millions de dollars, soit un demi-point. Cette manne arrivera en surplus de l'augmentation de 1% prévue pour le 1er avril. À la signature des conventions collectives en juin 2010, bien des gens avaient des doutes quant à la formule compliquée prévue pour bonifier les dispositions pécuniaires en cas de bonne performance économique. Quand il a signé sa convention de cinq ans avec ses 475 000 salariés, Québec a prévu que ces «majorations» seraient accordées si le produit intérieur brut (PIB) nominal (y compris l'inflation) augmentait de plus de 4,2%, une cible qui tablait sur un rythme de croissance plutôt exceptionnel au cours des 20 années précédentes, ont alors convenu les deux parties.

Québec a signé une convention de cinq ans - sans gel salarial - comprenant des augmentations totalisant 7%. À l'époque, le premier ministre Charest a insisté sur cette clause plutôt novatrice pour un contrat du secteur public: «C'est un changement de perspective et de culture qui est fondamental pour tous les Québécois. Nous sommes réunis autour d'une même volonté pour développer notre économie», a-t-il soutenu.

À point nommé

Ces 140 millions sont évidemment bien moins déterminants que le versement rétroactif de 2 milliards pour l'équité salariale, une manne que Québec a fait tomber sur les employés du secteur public juste avant les élections générales de 2007.

Cette bonne nouvelle pour les employés du secteur public doit tomber à point nommé, dans le budget que le ministre des Finances Raymond Bachand compte déposer à la fin du mois de mars, a appris La Presse. Ce budget sera très sûrement le dernier du gouvernement Charest avant les prochaines élections générales. À Québec, les spéculations se multiplient sur l'imminence d'élections, dans la foulée des problèmes qu'a connus la CAQ dans les dernières semaines.

M. Charest, a-t-on appris par ailleurs, a confirmé sa présence au rendez-vous des «régions partenaires», un colloque qui se tiendra à São Paulo, au Brésil, en avril. Il compte aussi participer à la mi-juin à Rio+20, une conférence sur l'environnement, 20 ans plus tard le premier sommet international - il y était présent en 1992 comme ministre du gouvernement Mulroney. Ces engagements n'éliminent pas pour autant la possibilité d'une campagne électorale printanière; en 2008, Jean Charest s'est désisté à la dernière minute d'une délégation importante de gens d'affaires québécois en Chine.

Augmentations

Théoriquement, le gouvernement pourrait attendre d'avoir en main le chiffre définitif de Statistique Canada sur la croissance de 2011, une donnée qui ne tombera qu'à la fin du mois de novembre 2012. Mais il serait alors tenu de verser rétroactivement cette augmentation à la fin de l'année, en remontant jusqu'au mois d'avril. Or, on voudra que le chèque arrive avant les prochaines élections générales, qu'elles aient lieu avant l'été ou au début de l'automne.

Lors de la signature de la convention collective, Québec a établi que la croissance nominale en surplus de 8,3% sur deux ans permettait de calculer une augmentation au-delà du taux convenu de 1%. Or, la croissance sera de 1,2% au-dessus de la barre de 8,3%, ce qui permet d'atteindre le maximum de la surprime de 0,5%. Québec, convient-on, pourrait attendre de connaître le chiffre définitif en novembre 2012 avant de commencer à décaisser, mais on peut prévoir plutôt que «ça va tomber au moment jugé opportun», confie-t-on de façon ironique.

L'entente conclue entre le gouvernement et les employés des secteurs public et parapublic prévoit que leurs échelles de traitement salarial peuvent être bonifiées si la croissance économique de 2010 à 2013 s'avère meilleure qu'anticipé au moment des négociations».