Le cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) n'est peut être pas anticonstitutionnel, mais cela ne le rend pas adéquat, affirme la CAQ.

«Le débat de société reste entier. Il faut savoir quelle est la place de l'enseignement de la religion à l'école. On comprend maintenant que les initiatives timides du gouvernement depuis deux ans, pour évacuer ce débat, n'ont pas fonctionné», indique Éric Caire, porte-parole de la CAQ en matière d'Éducation.

Il doit présenter la position de son parti d'ici quelques jours. L'ADQ, son ancien parti qui a fusionné avec la CAQ, demandait un moratoire sur le cours.

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, répond qu'il existe «un très haut niveau d'adhésion» au cours. La preuve selon elle: il y avait eu 1645 demandes d'exemption lors de sa mise en place en 2008-9. Il y en a eu 53 l'année dernière. «L'école publique ne doit pas transmettre la foi, et le cours ECR est la bonne façon de contribuer à ce qu'on puisse vivre ensemble comme Québécois, qu'on partage des connaissances communes qui permettent une meilleure compréhension de l'autre», dit-elle.

Le cours a suscité un vif débat. Il vise laconnaissance, et non l'adhésion aux religions, plaide un de ses concepteurs, Georges Leroux. Le philosophe a développé cet argumentaire en 2007 dans son essai Éthique, culture religieuse, dialogue.

Des religieux y voient néanmoins une négation de notre héritage catholique. Et des laïcs y voient une forme de relativisme.

En 2009, Joëlle Quérin, doctorante en sociologie, concluait que le cours n'était pas neutre. Sous ses couverts de neutralité, il mènerait même à « l'endoctrinement » au multiculturalisme. Son étude était réalisée pour l'Institut de recherche sur le Québec, avec l'aide du Mouvement national des Québécois. M. Leroux, l'a accusée de confondre pluralisme et multiculturalisme.

À la suite de cette étude, Pierre Curzi, alors porte-parole du PQ en la matière, demandait de remplacer l'ECR par un cours d'histoire enrichie, en attendant une commission parlementaire sur le sujet.

Sa chef Pauline Marois avait réajusté le tir peu après en revenant à la position initiale du PQ : pour le maintien du cours, et pour une commission parlementaire.

Le nouveau porte-parole péquiste en Éducation, Sylvain Gaudreault, reprend la position de sa chef. «Le cours soulève beaucoup d'interrogations. On veutune commission pour s'assurer qu'il ne dévie pas de ses objectifs. Ça fait plus de deux ans qu'on le demande», rappelle-t-il. Mais Mme Beauchamp ne semble pas s'en souvenir. «Je n'ai pas pris connaissance de cette demande, je la commenterai à un autre moment», a-t-elle affirmé.

Le cours ECR est-il neutre ou promeut-il lemulticulturalisme ? La ministre répond en référant au jugement de la Cour suprême. «Vous avez devant vous un jugement de neuf juges du plus haut tribunal qui dit qu'il n'y a pas de forme d'endoctrinement», a-t-elle lancé. Elle ajoute: «C'est un cours qui reconnaît la contribution des religions, dont la religion catholique, à la culture québécoise.»