Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a dévoilé jeudi sa première revendication à l'égard d'Ottawa. Un gouvernement caquiste demanderait au premier ministre Stephen Harper de lui céder une part de son champ fiscal afin de financer les soins de santé.

Lors d'une conférence de presse pour présenter ses attentes au sujet du budget Bachand attendu mardi prochain,

M. Legault a déploré que le gouvernement Harper ait décidé unilatéralement de réduire la croissance des transferts fédéraux en santé. L'augmentation serait de 3% par année à compter de 2017; elle s'élève à 6% en ce moment.

«Avec une croissance de 3% en santé, c'est impossible de garder les programmes qu'on a aujourd'hui», a affirmé

M. Legault. Compte tenu des besoins croissants, la hausse devrait être de 5%, selon lui. «Que souhaite M. Harper? Privatiser une bonne partie des programmes de santé? Est-ce qu'il souhaite qu'on coupe dans certaines couvertures en santé?», a-t-il lancé.

«Un gouvernement responsable devrait aller offrir à M. Harper de récupérer le champ fiscal, a indiqué M. Legault. Il devrait dire: "Si vous ne voulez pas assumer votre part du paiement des dépenses de santé, libérez ce champ fiscal, remettez-le au Québec, et comme ça on va pouvoir, nous, assumer nos responsabilités".»

Cette demande ne signifie pas nécessairement le retrait complet d'Ottawa du financement des soins de santé. Par exemple, un gouvernement caquiste pourrait demander au gouvernement Harper de réduire les impôts des particuliers et des entreprises d'une somme équivalant à une hausse des transferts de 2% - les transferts majorés de 3% seraient maintenus dans ce scénario. Québec récupérerait l'espace fiscal libéré en augmentant ses impôts afin de financer les soins de santé. «Le gouvernement Harper pourrait bénéficier du gain politique de baisser les impôts, une mesure qui correspond à son idéologie, et le Québec prendrait ses propres décisions. Ce serait aussi une façon de contrôler le pouvoir fédéral de dépenser», a-t-on fait valoir à la CAQ.

François Legault se dit le mieux placé pour mener cette négociation. «M. Charest est tellement fédéraliste à tout prix qu'on se retrouve dans une situation où il n'est pas pris au sérieux» par M. Harper. Quant à Pauline Marois, «elle n'est pas crédible parce qu'elle souhaite la souveraineté du Québec», a-t-il dit.

Attentes sur le budget

François Legault demande au gouvernement Charest de ne pas augmenter les impôts, les taxes et les tarifs dans son prochain budget. Mais il appuie la hausse des droits de scolarité et le dégel des tarifs du bloc patrimonial d'Hydro-Québec, des «rattrapages» nécessaires selon lui.

Il estime que le remboursement de la dette doit être une priorité. Il veut que 100% des redevances sur les ressources non renouvelables - environ 300 millions par année en ce moment - y soient consacrées. À 16% des bénéfices, les redevances minières sont suffisamment élevées, a-t-il précisé. Il réclame l'abolition du Fonds des générations, dont les rendements sont à ses yeux insuffisants. Les 4 milliards accumulés grâce à des redevances annuelles de 600 millions provenant d'Hydro-Québec devraient servir à réduire le déficit ou la dette directement.