Le Parti québécois (PQ) augmente son avance sur ses adversaires tandis que la Coalition avenir Québec (CAQ) s'enfonce encore un peu pour le troisième mois d'affilée. Le dernier sondage CROP révèle que des élections cette semaine auraient mené au couronnement de Pauline Marois, mais dans un contexte extrêmement volatil; 60% des électeurs avouent que leur choix n'est pas définitif.

Du côté des libéraux de Jean Charest, aucune embellie: l'insatisfaction à l'endroit du gouvernement ne bouge pas d'un iota, à 70% pour le troisième mois consécutif, indique l'enquête réalisée pour LaPresse auprès de 1000 internautes, du 15 au 19 mars, donc avant le dépôt du budget hier à l'Assemblée nationale.

Le PQ voit ses appuis grimper de 4 points par rapport à février, à 34%, la quatrième hausse consécutive. Le parti de Pauline Marois a presque doublé son résultat dans les intentions de vote depuis son creux de 18%, en décembre dernier. La CAQ subit une troisième baisse, un recul de 2 points, à 24%. Il s'agit «probablement de son plancher», estime Youri Rivest, vice-président de CROP, car avant la répartition des 9% d'indécis, la CAQ perd 1 point seulement. Avec 30% des intentions de vote, les libéraux de Jean Charest piétinent. Ils oscillent entre 28 et 30% depuis septembre dernier.

Selon M. Rivest, le Parti libéral (PLQ) est «pris dans le ciment», il n'y a pas d'amélioration prévisible pour un bon moment. «Avec ces chiffres, il n'y a pas d'élections à court terme et probablement une réflexion à faire à l'été», résume-t-il. Québec solidaire subit une deuxième baisse depuis le début de l'année. Il est passé de 9% à 8% et cette fois à 5%, «ce qui est probablement son noyau dur», estime M. Rivest.

Pour le PQ, les 41% d'appuis dans l'électorat francophone, devant les 29% de la CAQ, ouvrent la voie à un gouvernement clairement majoritaire. Les libéraux stagnent avec l'appui d'un francophone sur cinq seulement. Contrairement à Léger Marketing, CROP voit toujours la CAQ en avance dans la région de Québec, avec 37% d'appuis. À Montréal, François Legault n'a pas la cote avec 19% - c'est le PLQ (36%) et le PQ (29%) qui règnent sur la métropole. En région, le parti de Pauline Marois domine, à 42%.

Volatilité

Cette fois, CROP a voulu vérifier la solidité des intentions de vote. Une surprise attendait les sondeurs: même parmi les partisans des partis traditionnels, un répondant sur deux reconnaît que son choix peut encore changer. Dans l'ensemble, 60% des gens pensent que leur intention de vote n'est pas définitive. Pas moins de 71% des supporteurs de la CAQ avouent que leur décision n'est pas arrêtée, ce qui n'est pas une surprise pour un parti qui a quatre mois d'existence, observe Youri Rivest. Ce qui l'étonne, c'est que 49% des électeurs libéraux et 51% des péquistes disent qu'ils peuvent encore se raviser.

CAQ et PQ, des vases communicants

Une deuxième surprise pour les sondeurs: les partis de Pauline Marois et de François Legault semblent être des vases communicants. Quand on demande aux caquistes quel serait leur deuxième choix, 40% d'entre eux optent pour le Parti québécois et 25% appuient Québec solidaire. Seulement 17% choisissent le PLQ.

Quand on demande la même chose aux péquistes, 49% voient en François Legault une bonne solution de rechange, tandis que 12% voteraient plutôt pour Québec solidaire et 10% pour les libéraux. Seulement un libéral sur cinq (19%) voit en la CAQ une option, 14% choisiraient le PQ et, à tout prendre, 24% se tourneraient vers le Parti vert. Surtout, un libéral sur trois ne peut même envisager un deuxième choix.

Autre source d'étonnement, la santé n'est pas l'enjeu principal de la prochaine campagne électorale. Elle arrive en deuxième place avec 37%, derrière «l'économie et l'emploi», que choisissent 46% des répondants. Les thèmes arrivent dans le même ordre pour les libéraux, les péquistes et même les caquistes. Un signal d'alarme pour François Legault, seulement 8% de ses partisans voient comme lui l'éducation comme le principal enjeu des prochaines élections. En revanche, seulement 24% des électeurs jugent que la CAQ et son équipe manquent d'expérience, 32% la jugent compétente et 44% avouent ne pas la connaître suffisamment pour avoir une opinion.

Comme meilleur candidat au poste de premier ministre, Pauline Marois a indéniablement rattrapé ses adversaires qui la dominaient depuis près d'un an; 21% la voient désormais comme le meilleur leader, le même score que François Legault. Jean Charest est sur leurs talons, avec 19%.

François Legault incarne le «changement» pour 55% des électeurs. C'est une bonne nouvelle pour lui parce que «le marché du changement est important», observe M.Rivest. Seulement 26% des gens voient en Pauline Marois ce vecteur de changement. En revanche, le titre de premier ministre confère à Jean Charest une nette avance au point de vue du leadership; il obtient 45% contre 28% pour ses adversaires. M. Charest a aussi une avance, légère, en matière de compétence. En ce qui concerne la «sincérité», la «proximité» et l'«honnêteté», M. Legaut et Mme Marois sont à égalité, fortement en avance sur M. Charest.

La souveraineté reprend également du poil de la bête: 43% des gens auraient voté oui, 10% de plus qu'en novembre 2011. Selon M.Rivest, c'était prévisible; la discorde au PQ nuit à la cause souverainiste - les appuis sont retournés au niveau du lendemain de l'élection de Stephen Harper, en mai 2011.