Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, voit dans le budget Flaherty, déposé jeudi, une occasion d'accroître l'autonomie du Québec et demande au premier ministre Jean Charest de réclamer dès maintenant qu'Ottawa libère un champ fiscal au profit des provinces.

«Au lieu d'avoir des transferts en santé du fédéral vers les provinces, ce serait mieux - d'abord pour donner plus d'autonomie, mais aussi plus d'imputabilité - que les provinces récupèrent ces revenus et assument la croissance des dépenses en santé», a expliqué M. Legault, aujorud'hui vendredi, lors d'une entrevue à La Presse Canadienne.

Il note que les prévisions du gouvernement Harper laissent présager le retour du déséquilibre fiscal dans les prochaines années, alors que les revenus du fédéral vont croître beaucoup plus rapidement que ses dépenses.

«M. Charest pensait avoir réglé le déséquilibre fiscal, mais il l'avait seulement réglé temporairement et on voit que cela le rattrape», a estimé M. Legault.

Dans ce contexte, le chef de la Coalition croit que Québec doit demander à Ottawa de réduire ses impôts afin que Québec puisse lui-même prélever l'argent dont il a besoin, notamment pour faire face aux coûts croissants du réseau de la santé.

M. Legault fait valoir que, faute d'obtenir cet espace fiscal, Québec, comme les autres provinces, sera obligé de recommencer à quémander de l'argent au gouvernement fédéral au chapitre des transferts aux provinces, une opération qui s'est soldée par l'insatisfaction du gouvernement Charest à l'égard des dernières décisions fédérales en telle matière.

«Même M. Bachand le dit: l'entente que M. Harper propose à partir de 2015 est beaucoup moins bonne que si on avait eu un vrai règlement du déséquilibre fiscal», a dit M. Legault à propos du ministre québécois des Finances, Raymond Bachand.

François Legault rejette toute suggestion voulant que cette approche «autonomiste» prête flanc à des critiques qui y verraient une position proche de celle des souverainistes.

«Ce n'est pas une position de souverainiste; c'est une question qui fait consensus au Québec. On souhaite plus d'autonomie au Québec. On parle ici de plus d'autonomie, mais à l'intérieur du fédéralisme canadien», a-t-il laissé tomber.

Le chef caquiste rappelle au passage qu'il est logique que les provinces réclament l'espace fiscal disponible pour financer le système de santé puisqu'il s'agit, de toute façon, d'une compétence provinciale, une réalité que reconnaît le gouvernement conservateur lui-même.

«Il faudrait profiter de l'opportunité où M. Harper dit qu'il ne veut pas empiéter dans les champs de compétence des provinces, donc limiter le pouvoir de dépenser du fédéral en demandant clairement un transfert de champ fiscal. C'est le devoir de M. Charest de livrer cette bataille», a-t-il conclu.