Féroce adversaire des commissions scolaires, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault prépare son offensive. Le parti a envoyé, au cours des derniers mois, des dizaines de demandes d'accès à l'information pour tout savoir sur l'organe qu'elle souhaite abolir. Dans sa ligne de mire : budgets et notes de frais de tous genres.

«On regarde un peu partout, indique le porte-parole Jean-François Del Torchio. On veut faire un dégraissage, alors on a besoin de connaître les coûts et de ventiler les dépenses.»

Au cours des derniers mois, ce sont des dizaines et des dizaines de demandes qui ont été envoyées aux 72 commissions scolaires de la province, où l'on voit arriver avec un certain malaise toutes ces questions sur la gestion, les budgets ou les dépenses des employés.

«C'est tout à fait légitime de faire des demandes sur un service public, dit le secrétaire général de la Fédération des commissions scolaires, Bernard Tremblay. Ce qui nous inquiète, c'est quand ça prend des allures de partie de pêche parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils cherchent. »

Faire fi des critiques

Des critiques qui ne font ni chaud ni froid à l'équipe Legault, qui compte bien continuer de fouiller. «Personne ne pose de questions à cette entité», déplore Éric Caire, qui appuie ouvertement l'abolition des commissions scolaires. «En attendant [qu'elles soient éliminées], c'est notre rôle de contrôleurs de l'État de nous assurer que l'argent y est géré adéquatement.»

S'il refuse de détailler les demandes qui ont été ou seront envoyées par son équipe, il avoue que la CAQ a requis les notes de frais de tous les commissaires scolaires, dont celles de la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Diane De Courcy, potentielle adversaire politique et candidate pressentie du Parti québécois dans Crémazie aux prochaines élections. Les budgets de la Fédération des commissions scolaires sont aussi sous la loupe.

M. Caire aurait même demandé personnellement à la Commission scolaire de Montréal la ventilation des dépenses du conseil des commissaires et du bureau de direction, la liste des achats informatiques faits par le conseil des commissaires depuis cinq ans et le budget des services généraux. Des requêtes semblables ont été menées ailleurs.

«C'est un peu paradoxal qu'en même temps que la CAQ nous accuse de lourdeur administrative, elle nous exige des recherches faramineuses», note Bernard Tremblay. À cela, Éric Caire répond: «Si la gestion est bien faite, les réponses devraient être faciles à trouver.»