«Surpris par l'ampleur» des révélations de Radio-Canada, le Directeur général des élections, Jacques Drouin, a décidé d'ouvrir une enquête.

Sa porte-parole, Cynthia Gagnon, n'a pas voulu donner de détails vendredi. Elle s'est contentée d'affirmer que les enquêteurs se pencheront sur «les stratagèmes de contournement de la loi» présentés à l'émission Enquête.

«On n'est pas surpris par la nature des révélations entendues. Le phénomène de contournement de la loi est connu depuis quelque temps. Par contre, on est surpris par l'ampleur de ce qui a été décrit», a-t-elle affirmé.

Dans le reportage, Gilles Cloutier, démarcheur pour la firme de génie-conseil Roche de 1995 à 2005, révèle qu'il a trouvé des centaines de prête-noms pour les partis provinciaux.

Il dit avoir organisé des élections «clés en main»: une firme se charge de l'organisation de la campagne d'un candidat - du financement à la publicité - dans le but d'obtenir ensuite des contrats.

M. Cloutier affirme également qu'il a donné de l'argent comptant aux partis en se faisant rembourser de fausses factures par Roche. Toutes ces pratiques contreviennent à la loi.

Toujours à l'émission Enquête, Lino Zambito, de la firme Infrabec, fait un lien entre le financement des partis et l'industrie de la construction. La loi est souvent contournée, selon lui.

Le nouveau commissaire à l'éthique à l'Assemblée nationale, Me Jacques Saint-Laurent, a soutenu ne pas pouvoir se prononcer sur le fait que l'ex-ministre Nathalie Normandeau ait accepté neuf billets pour un spectacle de Céline Dion au Centre Bell, en février 2009.

Ces billets ont été offerts par M. Zambino, qui avait exécuté les travaux à l'usine d'assainissement des eaux de Boisbriand, un projet que Mme Normandeau avait fait subventionner à hauteur de 11 millions.

Le code d'éthique adopté l'an dernier prévoit qu'un député ou un ministre peut accepter un don sauf quand celui-ci est fait en échange d'une intervention d'un élu ou lorsqu'il peut compromettre l'intégrité de l'élu.

Les faits révélés par Enquête sont antérieurs à l'adoption du code et à la nomination de Me Saint-Laurent. Si un tel cas survenait, le commissaire à l'éthique a expliqué qu'il demanderait à Nathalie Normandeau: «Qui vous fait le cadeau? Vos responsabilités touchent-elles le mandat de construction [de l'usine]?»