Des mois de travail mis au rancart, un débat public qui n'a jamais eu lieu: Claude Castonguay est très déçu de l'accueil réservé par les élus à son rapport sur l'avenir du système de santé, en février dernier. Il demande à toutes les formations politiques de mettre leurs querelles partisanes de côté pour en étudier de nouveau les recommandations. Dans les plus brefs délais. La survie du réseau en dépend.

Claude Castonguay a été «consterné» quand le gouvernement Charest a rejeté les deux principales avenues proposées par son groupe de travail pour refinancer le système de santé, à peine quelques heures après que son rapport eut été rendu public. M. Castonguay proposait une hausse de la taxe de vente et une contribution des usagers qui augmenterait en fonction de leur consommation de soins. Québec a dit non. «La réaction du gouvernement a fait en sorte que notre rapport n'a pas fait l'objet de discussion dans le public. Certains gestes ont été faits, mais il n'a pas eu droit au débat beaucoup plus large qu'il aurait dû susciter.»

 

Huit mois après le dépôt de son rapport, Claude Castonguay entend s'adresser à Québec pour que ses conclusions fassent enfin l'objet d'une «véritable consultation», qui pourrait prendre la forme d'un forum auquel des représentants de tous les partis politiques seraient appelés à participer. «Il faudrait que la discussion soit objective, sinon cela ne donnera rien», a-t-il lancé au cours d'une entrevue à La Presse, en marge d'une conférence organisée par l'Institut du Nouveau Monde à Montréal.

Manque de maturité politique

«Si les partis politiques montraient une plus grande disponibilité en dehors de la partisanerie politique ou d'une façon plus neutre, cela faciliterait le travail.»

L'ancien ministre libéral croit aussi que le fait que la province soit dirigée par un gouvernement minoritaire nuit à l'amélioration du réseau de santé. Il croit que le gouvernement Charest n'a pas voulu appliquer les recommandations portant sur les nouvelles sources de financement «parce qu'il a pris la décision de ne pas faire de geste susceptible de causer des réactions négatives dans la population.»

Claude Castonguay ne va toutefois pas jusqu'à affirmer que le gouvernement Charest a manqué de courage politique. Mais il déplore un «manque de maturité» politique généralisé dans la province. «Dans certains pays, pour faire face à des situations difficiles, des populations ont été capables de prendre des orientations très différentes de celles qui étaient en vigueur jusque-là. Cela prend une grande maturité, que je ne sens pas ici.»

Il regrette aussi que les discussions publiques sur le système de santé soient systématiquement ramenées sur le duel public-privé et trouve «décourageant» que la construction possible d'une clinique privée d'ophtalmologie en face du CHUM ait fait les manchettes récemment.

Le Québec, dit-il, n'a plus le choix de revoir l'organisation de la gestion du réseau pour en améliorer l'efficacité. «Notre système de santé est de moins en moins performant. Avant, c'était un modèle, ce n'est plus le cas.»

«Des changements majeurs s'imposent.»