Le Protecteur du citoyen du Québec enquêtera de sa propre initiative sur la façon dont le gouvernement du Québec a géré la crise de la listériose et du fromage fin dans la province.

La protectrice, Raymonde Saint-Germain, souligne que la loi prévoit que le Protecteur du citoyen peut agir de son propre gré lorsqu'il juge qu'il y a des motifs raisonnables de croire que le citoyen a pu être lésé par l'action ou l'omission des services publics.L'enquête doit déterminer si les enjeux de santé publique et les enjeux économiques ont été raisonnablement respectés. Elle portera sur l'ensemble des pratiques mises en place durant la crise.

Avec les faits récoltés et les informations dont elle dispose sur le dossier jusqu'à maintenant, Mme Saint-Germain se sent suffisamment interpelée.

Dès le début de la crise de la listériose au Québec, plusieurs fromagers ont dû interrompre leur production par crainte de contamination et plusieurs commerçants ont dû vider leurs tablettes sur la simple crainte de contamination.

Des avis de rappels effectués par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec avaient également été émis par mesure préventive contre certains fromages, particulièrement ceux de fabrication de type artisanal.

Mme Saint-Germain a l'intention d'entendre toutes les parties et s'assurera que la gestion de la crise s'est faite dans le respect des droits des personnes et aussi d'une gestion des risques adéquate et raisonnable.

Elle fera des recommandations dans le but d'éviter dans le futur des préjudices inutiles, s'il y a lieu.

Elle refuse toutefois d'établir un échéancier précis, se contentant de dire qu'elle agira de façon diligente.

L'Association des fromagers-marchands du Québec se réjouit de cette nouvelle. Pour son porte-parole, André Piché, c'est «la grâce de Dieu qui s'abat sur eux», selon ses termes. Enfin, dit-il, les fromagers-marchands pourront se faire entendre. Le rapport de la protectrice leur permettra aussi de voir si la décision du MAPAQ de vider des tablettes était justifiée.

M. Piché soutient que l'on a «crié au loup» trop rapidement et rappelle que les fromages n'ont jamais été contaminés à la Listéria. Il explique que les cas de contamination trouvés étaient attribuables à la contamination croisée.

Si le rapport démontre que les gestes posés par Québec étaient injustifiés, M. Piché rappelle que les marchands avaient décidé d'y aller d'un recours collectif. Le rapport viendrait en quelque sorte appuyer leur thèse.