Deux fois moins d'infirmières diplômées que prévu et une poursuite de 950 000$ déposée par deux infirmières contre le gouvernement du Québec et l'Université de Montréal: le programme de formation des superinfirmières est en difficulté.

Dans la poursuite déposée à la Cour supérieure, on peut lire que Nicole Rondeau et Chantal Rainville sont deux infirmières bachelières, qui mènent chacune depuis près de 20 ans une carrière de haut niveau, la première en néphrologie, la seconde en cardiologie.

 

«Après avoir été sollicitées dans leur milieu de travail respectif», allègue la poursuite, les deux femmes demandent un congé sans solde pour entreprendre à l'Université de Montréal en 2002 un cours qui devait durer un an et demi et leur permettre de poser certains actes jusque-là réservés aux médecins.

Le problème, c'est que l'Université de Montréal «a annulé, suspendu et retardé de nombreux cours alors que d'autres cours ont même été ajoutés au cursus préalablement établi en 2002 (...) Des cours non obligatoires au début du programme sont devenus obligatoires.»

À cela se seraient ajoutés maints retards dans l'attribution des stages, avec pour résultat, peut-on lire dans la poursuite, que le programme ne pouvait être complété avant quatre ans. «Il va de soi que si les demanderesses avaient été avisées initialement que ce programme devait être d'une durée de près de quatre années, alors qu'il annonçait une durée d'une année et demie, elles ne se seraient jamais engagées dans de telles études et elles n'auraient jamais sacrifié leur vie familiale et professionnelle pour cela.»

En entrevue, Nicole Rondeau soutient que les obstacles ne se limitaient pas aux seuls bancs d'école. «Dans les milieux de stage, il y avait une grande résistance. On nous disait: «Pourquoi n'allez-vous pas plutôt faire votre cours de médecine»?» Mme Rondeau précise: «Nous servions de cobayes à un programme qui n'était pas prêt, pas au point.»

Ensemble, Chantal Rainville et Nicole Rondeau - qui ont décidé d'abandonner le programme en cours de route - poursuivent l'Université de Montréal et le ministère de la Santé et des Services sociaux pour près de 950 000$: pertes de revenus pendant la période des études, droits de scolarité, emprunt sur hypothèque pour étudier, frais d'avocat, perte de cotisations REER, etc.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, la porte-parole Dominique Breton indique qu'à ce jour, 41 superinfirmières ont reçu leur diplôme.

C'est deux fois moins que les 75 infirmières que l'ex-ministre de la Santé, Philippe Couillard, projetait de voir aujourd'hui sur le marché du travail. «On s'attendait à un plus grand intérêt pour ce programme», dit Mme Breton.

Même si le diplôme est de niveau maîtrise, il compte jusqu'à 73 crédits, alors que 45 crédits suffisent généralement pour décrocher un diplôme de ce niveau.

Étant donné que des procédures judiciaires ont été entreprises, Sophie Langlois, porte-parole de l'Université de Montréal, a dit en entrevue ne pas pouvoir faire de commentaires.

Aux deux programmes de superinfirmières lancés en 2002 en cardiologie et en néphrologie s'ajoute depuis cette année un programme de pratique avancée de soins de première ligne.