Après cinq ans de guerre judiciaire, l'Ordre des pharmaciens pourra traduire fin mars une première fournée de 20 membres soupçonnés d'avoir reçu des ristournes illégales des pharmaceutiques génériques.

L'Ordre a mis en ligne hier ces informations, le rôle des audiences à son comité de discipline, sur son site internet.

 

Parmi les pharmaciens propriétaires visés, Normand Bonin, président du conseil d'administration de l'Association des pharmaciens propriétaires. Il est aussi président du conseil d'Uniprix.

Le syndic de l'Ordre des pharmaciens avait dû aller jusqu'en Cour suprême pour forcer les firmes génériques à produire les informations sur les avantages dont elles faisaient bénéficier les pharmaciens qui achetaient leurs produits en grande quantité.

Parmi les autres pharmaciens, on retrouve Luc Archambault, François Bédirian, Guy Bergeron, Jacques Bernier, Diane Boissonneault, Michel Bougie, Jacques Bourget, Vivienne Cadorette, Michel Caplette, Norman Chicoyne, Michel Clermont, André Bernard, Gaétan Couillard, Michel Coulombe, Michel Daris, Marie Delage. François Dupuis, Denis Émond, Marcel Fortier, Me Pierre-A. Gagnon. Leur procureur, Beauvais Truchon les représentera, le 27 mars aux audiences du comité de disciplines de l'Ordre à Montréal.

Cette première fournée de 20 sera suivie de plusieurs autres - une bonne partie des 1600 pharmaciens propriétaires du Québec ont profité de ces avantages.

De simples dosettes ou de glucomètres au début, ces avantages s'étaient transformés au fil du temps en généreuses ristournes en argent aux pharmaciens propriétaires, parfois en cartes-cadeaux dans des magasins de luxe ou même en croisières sous le couvert de colloques de formation.

Pharmacienne à Saint-Tite, la ministre des Transports, Julie Boulet s'était retrouvée dans la controverse quand La Presse avait révélé ces pratiques en 2003. Elle avait momentanément quitté le Conseil des ministres - elle avait distribué des dosettes à ses clients, offertes par les compagnies pharmaceutiques. Elle avait été blanchie par le syndic de l'Ordre puisqu'elle avait distribué gratuitement ces dosettes aux patients. On peut s'attendre à ce que dans plusieurs cas, les pharmaciens reçoivent des réprimandes - dans le cas où les avantages ont profité à leur clientèle ou aux employés.

Dans certains cas en revanche, des propriétaires avaient obtenu des piscines creusées pour réserver leurs tablettes à certaines compagnies, et le syndic pourrait alors être plus sévère.

Depuis l'adoption de la «politique du médicament» par le ministre de la Santé, Philippe Couillard, il y a deux ans, des ristournes sont permises, mais sont désormais très étroitement encadrées.