La Ville de Laval fait volte-face et abrogera un règlement controversé adopté en 2001 qui aurait permis la construction de centaines de maisons dans trois grandes îles de la rivière des Mille-Îles.

La décision marque une victoire pour un mouvement de citoyens qui avait amassé 25 000 signatures et contesté en 2007 la légalité de ce règlement auprès du ministère des Affaires municipales.

 

La Ville avait répliqué en faisant rédiger un projet de loi privé qui aurait fait confirmer le règlement par l'Assemblée nationale. Cette procédure a échoué l'an dernier devant la résistance des partis de l'opposition, alors majoritaires.

«Finalement, ce projet de loi n'a jamais été soumis à l'Assemblée nationale, dit Pierre Desjardins, conseiller au cabinet du maire. On était rendus à se demander si on engageait d'autres frais juridiques.»

Un autre coup avait été porté aux projets le 2 novembre dernier, quand cinq députés libéraux de Laval s'étaient prononcés en faveur d'une mise en réserve des trois îles.

L'île aux Vaches, l'île Saint-Joseph et l'île Saint-Pierre sont situées dans l'est de Laval, en face de Terrebonne, juste à l'est de l'autoroute 25. Elles totalisent 200 hectares, autant que le parc du Mont-Royal.

Une filiale de la firme immobilière Monit, de l'homme d'affaires Alex Kotler, est propriétaire de la majeure partie de l'île aux Vaches. La Ville de Laval évalue son terrain à 5,6 millions. Monit détient aussi l'île Saint-Pierre, évaluée à 627 000$. En 2002, Monit voulait construire 1500 maisons, ce qui supposait des investissements de centaines de millions.

L'île Saint-Joseph, la seule à être reliée par un pont, appartient en majeure partie à une société dirigée par Luigi Salvatore. Les terrains détenus par la société de M. Salvatore valent 2,4 millions.

La décision du comité exécutif de Laval d'abroger le règlement sera soumise à la consultation le 25 mars. Si elle est confirmée par le conseil municipal, on reviendra à la réglementation précédente, dit M. Desjardins. «Avant 2001, seules les maisons avec accès aux rues existantes pouvaient être construites», dit-il. Comme il n'y a pas de rue dans l'île Saint-Pierre, à peu près pas dans l'île aux Vaches et très peu dans l'île Saint-Joseph, c'est dire que les projets domiciliaires tomberont à l'eau.

Il n'a pas été possible de parler hier au député de Laval-des-Rapides, Alain Paquette, qui suivait ce dossier. Son attaché politique a dirigé La Presse vers Michelle Courchesne, ministre responsable de la région de Laval, qui n'était pas disponible hier.

Guy Garand, directeur du Conseil régional de l'environnement de Laval, souhaite que les îles s'ajoutent au parc régional de la rivière des Mille-Îles, qui compte déjà 400 hectares. «Ces trois îles sont importantes pour conserver la biodiversité dans le sud du Québec», dit M. Garand.